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dimanche, 10 avril 2016

YVES MICHAUD ET LA BIENVEILLANCE 2

MICHAUD YVES.jpgLa deuxième menace qui pèse aujourd’hui, selon Yves Michaud, sur la démocratie, et pas seulement en France (l’auteur cite l’Espagne, l’Italie et la Grèce), c’est le populisme : « Le populisme s’exprime aujourd’hui de deux manières : des votes en progrès constant en faveur de partis nouveaux venus qui appellent à en finir avec la caste des partis installés et, dans le même temps, une forte abstention de la part de citoyens qui se désintéressent de la politique et "n’y croient plus" » (p.61). Il ajoute : (« … mais ça veut dire aussi que plus de 55% des citoyens ont déserté la politique ou adoptent des positions populistes », (p.62). Faire de l'abstentionnisme une manifestation de populisme me semble assez curieux.

Personnellement, je ne suis pas sûr que le mot "populisme", devenu peu ou prou un cliché en bonne et due forme, soit pertinent ou puisse être d’une grande utilité opérationnelle dans l’analyse. Car je crois que la menace qui pèse sur la démocratie est différente : pour se limiter au cas français, j’ai la conviction que le Front National et l’abstention sont, en avers et revers inséparables, le symptôme d’un seul mal, beaucoup plus profond : la déliquescence morale de la classe dirigeante en général et du personnel politique en particulier. Je ne connais pas assez la situation dans les pays voisins pour me prononcer.

C’est ne rien apprendre à personne que de dénoncer l’insane médiocrité d’une large majorité du personnel politique français, choisi par cooptation après contrôle méticuleux des allégeances, des servilités et des performances administratives, affligé d’une effrayante courte vue, obsédé par l’unique souci de sa réélection, soumis à toutes sortes d'influences inavouées et de pressions intéressées dans la prise de décision et, plus gravement, incompétent parce qu’incapable d’agir sur la réalité et sur la marche des choses pour le bien du plus grand nombre. S'ajoute à cela la frontière de plus en plus floue entre une "droite" et une "gauche", entre deux camps qui font semblant de s'opposer sur des "valeurs", qui se croient de ce fait tenus d'entrer dans des rôles obligés, ce qui les amène, une fois au pouvoir, à défaire ce que l'autre a fait et, le reste du temps, à théâtraliser leurs gesticulations.

Les politiciens, en désespoir de cause, se sont rabattus de l’action sur le discours, le fétichisme des mots, l’incantation et la "communication" (les fameux "éléments de langage"). Les politologues, politistes et éditorialistes peuvent ensuite tout à leur aise constater l'incapacité à proposer ce qu’ils appellent niaisement un « grand récit » (mythe national, si vous voulez). A partir du moment où vous désignez ainsi la nation, ce grand principe d’appartenance, d’identité et d’unité, vous montrez que vous n'y croyez pas un instant, vous conceptualisez et vous rendez impossible la narration d’un quelconque "grand récit", au motif que le moindre historien, soucieux d’historicité scientifique, aura beau jeu de pointer les insuffisances et l’incomplétude du récit proposé. Sans même parler des rivaux dans la conquête du pouvoir : quand on sait qu’on nous raconte une histoire, on attend, au mieux, de la littérature, en aucun cas de l’action politique. 

L’entité « FRANCE » (l’identité nationale des Français), si elle a une réalité, tient, pour une large part, de la fiction. Et cette fiction a besoin d’une volonté et d’une adhésion, c'est-à-dire avec une croyance, plutôt qu’avec un savoir estampillé par l’Université. Pour que cette fiction ait une chance d’être collectivement éprouvée en réalité, il ne faut pas être trop intelligent ou savant : parler ici de « mythe » ou de « grand récit », si c’est scientifiquement plus exact, c'est désigner tout le fictif de l'affaire ; c’est en soi dévitaliser la chose, en la renvoyant dans les antiquités primitives. Moi qui suis plutôt un "intellectuel" (à ne pas confondre avec "intello"), je crois ne pas méconnaître la force d'entraînement que constituent la croyance, la foi, l'adhésion.

Donner de l’autorité au savoir universitaire en la matière, c’est déjà une démission du politique : la politique n'est pas de l'ordre du savoir. Le responsable a-t-il le droit de confier les manettes à des "experts" ? La croyance, pour être efficace et valide, a besoin, sinon d’une adhésion unanime, du moins de ne pas être constamment un objet de débat ou de dispute entre doctes : René Girard dit avec force que le sacrifice, pour ressouder valablement le corps social, nécessite la pleine adhésion d’une croyance exaltée. Pour "faire société", il ne faut pas s'en remettre à l'intelligence pieds et poings liés. Je me demande si le problème dans lequel la France donne aujourd’hui l’impression de se dissoudre ne se situe pas à cet endroit. Il faut comprendre qu'il n'est pas nécessaire de tout comprendre pour établir les conditions de la "bonne vie en commun". 

C’est là qu’Yves Michaud, me semble-t-il, se trompe : « Qu’il s’agisse de l’identité des personnes, des groupes ou des choses, il n’y a pas de substantialité de l’identité. Toute identité est une construction et une fiction » (p.159). Tout à fait d’accord, et je viens de le dire. Malheureusement, le problème n’est pas là : pour être français, il ne suffit pas d’une carte d’identité, encore faut-il y croire, encore faut-il se sentir français. Malheureusement, ce n'est pas mesurable, et sans doute pas conceptualisable. Bien sûr, il est vain de tenter de lister les items qui constituent notre identité. L’identité est un tissu serré, en chaîne d’une foule de traits d’appartenance, en trame d’une foule de traits de différenciation, dont dix ans de psychanalyse écouent à faire l'inventaire. Il n'existe pas deux identités superposables.

Ce n’est donc pas à ce niveau qu’il faut chercher. Il suffit de se rappeler la foire d’empoigne à laquelle a donné lieu le débat sur l’identité nationale suscité en son temps par Nicolas Sarkozy, pour se rendre compte que, s’il est effectivement impossible de dessiner avec exactitude le portrait de l’identité française, les réactions exacerbées auxquelles le débat a donné lieu ont amplement montré qu’on touche, en abordant la question, à un point névralgique, absolument crucial. 

Et je me demande si ce point, loin d’être cantonné dans la sphère rationnelle, n’a pas quelque chose à voir avec – excusez le grand mot – l'ordre du « sacré ». L’identité française ne peut certes pas être définie en détail, mais constatons quand même qu’il ne faut pas trop y toucher, sous peine de se faire mordre : je n’interprète pas autrement la réaction outragée de Jacques Chirac, lorsque la Marseillaise avait été sifflée (par qui, on se demande) en préambule à un match de football opposant la France à l’Algérie. 

Et je me demande si le mal français ne prend pas sa source, précisément, dans le fait que l’idée française, l’identité française, l’idée de la nation française a déserté massivement l’esprit de notre classe dirigeante en général, et de notre personnel politique en particulier (Chirac étant l'exception). Nos élites à profil de premier-de-la-classe semblent ne plus y croire et avoir définitivement abandonné l’idée que les carrières politiques doivent être mises au service de quelque chose de plus grand que les hommes qui s’y engagent.

On peut bien ressortir du placard le moulin à prières pour en appeler aux mânes de De Gaulle. Il avait beau être de grande taille (1,92 m., si je me souviens bien), De Gaulle se considérait comme plus petit que la France. Il mettait la France au-dessus de lui. Qui est aujourd'hui à la hauteur de cette "petitesse" ? Donnez-moi une classe politique qui soit à cette hauteur-là, capable de modifier le réel dans un sens favorable aux hommes, et vous verrez le Front National repasser dans l'autre sens à la trappe dont il est sorti. Et les électeurs revenir aux urnes en masse.

C'est De Gaulle qui était dans le vrai.

Voilà ce que je dis, moi. 

A suivre ...

Note : oui, je sais, c’est moins un compte rendu du livre d’Yves Michaud qu’une réflexion suscitée par la lecture, ô combien stimulante, de Contre la Bienveillance

samedi, 09 avril 2016

YVES MICHAUD ET LA BIENVEILLANCE 1

MICHAUD YVES.jpgLe philosophe Yves Michaud vient de faire paraître Contre la Bienveillance (Stock, 2016). Ce titre a si bien caressé le poil de ma curiosité dans le bon sens que je me le suis procuré sans attendre. Je ne suis pas déçu par ce petit livre (un peu moins de 180 pages) : j’ai eu l’impression de me retrouver au milieu d’un paysage intellectuel enfin normal, d’aplomb. Un paysage avec le sol en bas, le ciel en haut, les arbres verticaux et l’horizon tout au fond. Une lecture salutaire. 

Un nuage de gaz anesthésiant s’est en effet abattu depuis plusieurs années (combien, au juste ?) sur la façon dont les doctes et les puissants autoproclamés racontent le monde au bon peuple qui forme le gros du public accouru pour applaudir toutes sortes de batteurs d’estrades : je veux bien sûr parler des téléspectateurs, des contribuables, des automobilistes, des consommateurs, bref, pour le dire d’un mot, des électeurs. 

Une guimauve insipide de moralisme impérieux et obtus, de bons sentiments, d’émotion dégoulinante, de compassion et d’altruisme bénévole a revêtu de sa couche poisseuse tout ce qui relevait jadis de la sphère politique, c’est-à-dire de ce forum virtuel où est censée s’organiser la vie en commun dans une société donnée. La société française tout entière semble prise dans cette glu culpabilisante.

Respiré à forte dose, ce gaz a la particularité de faire basculer le paysage intellectuel. Vous vous retrouvez cul par-dessus tête, avec du ciel partout et l’horizon nulle part. Quant au sol, il s’est dérobé, trop spongieux et mouvant pour porter les pas de l’homme sensé. 

Parmi les nombreux responsables (qui s’imaginent peut-être ainsi attirer sur eux les suffrages de la population), on trouve des gens comme Martine Aubry (le « pot à tabac », selon le si gentil Fabius), qui fut, je crois, la première « femme politique » (sic) à utiliser le mot « care », et en anglais dans le texte : « la société du "care" » (en 2010, je crois). Autrement dit : l’humanitaire érigé en principe d’organisation politique des citoyens ! Un oxymore rationnel ! 

Yves Michaud lui joint, mais en caricatural cette fois, d’autres grands amateurs de plateaux médiatiques : « Bhlisme (l’idéalisme de la bling-bling politique), kouchnerisme (l’idéalisme du baba humanitarisme) et hulotisme (l’idéalisme de l’ULM-écologie), variétés de l’affairisme compassionnel et communicationnel, doivent être renvoyés là d’où ils n’auraient jamais dû sortir : à la rubrique mondaine » (p.161). Un tel paragraphe ne peut que m’aller droit au cœur, et me console de l’horripilation provoquée par la complaisance que mettent les médias à procurer à ces clowns (BHL, Kouchner, Hulot) tant d’occasions de nous infliger le spectacle hautain, racoleur et donneur de leçons de leurs grandes âmes et de leurs belles intentions. 

Yves Michaud n’aime pas le personnage que BHL donne à voir de lui-même avec tant de complaisance et de savoir-faire. Je dirai que c’est bien le moins : il est bon que le pantin de cet imposteur soit redescendu manu militari du piédestal sur lequel il s’est propulsé, et se fasse qualifier d’ « essayiste », et non de « philosophe », par quelqu’un de sérieux (et plus qualifié que moi en la matière). Sur le personnage en question, on se rappelle Une Imposture française, de Nicolas Beau & Olivier Toscer (éd. Les Arènes, 2006). Que monsieur Lévy puisse être considéré comme un penseur digne de ce nom par nombre de nos compatriotes est en soi un symptôme inquiétant de l'état "culturel" de la France.

Qu’on se le dise : BHL ne s’autorise que de son humeur et de son image. La dernière fois que j’ai évoqué ce sinistre bouffon, c’était pour commenter le « livre » que Michel Houellebecq, à mon avis passablement retors dans cette occasion, a hélas consenti à publier en compagnie de BHL, ce Narcisse invétéré doublé d’un naïf abyssal (Ennemis publics, Flammarion-Grasset, 2008 – voir mon assaisonnement détaillé ici même les 14, 15, 16 et 17 avril 2015). 

Contre la bienveillance est un livre qui traite de politique. Je reformulerais volontiers la thèse soutenue par Yves Michaud dans une phrase simple : « Il ne faut pas confondre morale et politique ». Par "morale", il faut entendre tout ce qui, louable dans les relations interpersonnelles, devient calamiteux dans la sphère publique où se décide et se structure l’institution de la société tout entière : affectivité, émotion, sentiment, compassion, altruisme : « Si nous voulons que le mot citoyen garde le sens qu’il a pris depuis les théories du contrat social, il nous faut en finir avec la bienveillance, la compassion et le moralisme, et revenir aux conditions strictes de l’appartenance à une communauté républicaine, revenir aux conditions strictes du contrat politique » (p.16). Cette invasion du domaine public (« Le Commun ») par le domaine privé est de très mauvais augure. 

Les trois problèmes qui, en France aujourd’hui, menacent la communauté politique sont, selon l’auteur, le fondamentalisme religieux, le populisme et la façon d’envisager la politique internationale. Ce qu’Yves Michaud appelle le "fondamentalisme religieux" n’a pas d’autre nom que l’islam sunnite, et même salafiste qui, ayant pris pied sur le sol européen, s’efforce de s’enraciner et de contaminer les esprits, par des prêches de plus en plus radicaux tenus dans des mosquées mal contrôlées par les autorités. 

Je ne m’attarde pas trop sur ce point : j’en ai assez parlé ici (tag "islam" pour s’en convaincre si besoin). Je citerai juste ce petit paragraphe, net et sans bavure : « L’islam sunnite, en attendant le moment où il deviendrait tolérant et s’ouvrirait à la critique, est aujourd’hui une religion obscurantiste, intolérante et antidémocratique » (p.31). J’ajoute quand même que le "en attendant" est d’une gentillesse (ou d’une prudence ?) outrancière. Autant chanter : « Quand les hommes vivront d’amour » (ne pas oublier que ça finit sur « Mais nous, nous serons morts, mon frère »). 

Il faut que les Européens soient aveugles ou particulièrement cyniques ou suicidaires, pour ne pas considérer tous les débats qui tournent autour de l’islam, du modéré jusqu’au djihadiste, comme des preuves et des suites de l’offensive généralisée lancée en 1979 contre l’Occident par un certain Khomeiny. 

Il suffit, à partir de cette date, de dessiner sur une carte les progrès de la ligne de front de l’islamisme radical, et férocement prosélyte, pour prendre conscience que, modéré ou pas, l’islam en soi est résolument insoluble dans le judéo-chrétien, le gréco-latin, l’humanisme et les Lumières de la Raison. Je veux dire qu’il est définitivement inassimilable par le corps de l’Europe. 

Laïcité ou pas, l’islam est en soi la négation de l’ensemble de cet héritage. Le principe de tolérance, en la circonstance, est hallucinant d’aveuglement. Yves Michaud, en circonscrivant la menace aux seuls « fondamentalistes », minimise à mon avis le problème.

De là où il est, il ne pouvait peut-être pas dire autre chose. 

Voilà ce que je dis, moi.

A suivre ...

jeudi, 04 février 2016

DÉCHÉANCE FRANÇAISE

Qu’elle était belle, la patrie des droits de l’homme, du temps de … du temps de … de quel temps, au fait ? On n'arrête pas de parler de déchéance de la nationalité, sans se poser aucune question au sujet de la légitimité de la double nationalité. Pourquoi cette possibilité est-elle offerte ? Il y aurait motif à y voir une injustice. Ben oui : à l'égard des pauvres Français qui n'en ont qu'une. Les Franco-Français, quoi.

Déchéance de nationalité, donc. Un moyen de communication très commode pour jeter un brouillard opaque sur la question fondamentale : l'installation durable de la France dans le régime de l'état d'exception. Quelques voix s'élèvent pour alerter sur la fin de l'état de droit que ce coup de force entraîne. On ne les entend guère. C'est toute l'idée que les Français devraient se faire de la France qui, par le fait, déchoit. 

Français, prenons plutôt exemple, une fois n'est pas coutume, sur Tarek Oubrou, l'imam de Bordeaux, qui a reçu des menaces de mort parce qu'il n'est pas assez "islamique", mais que ça n'a pas empêché de refuser la proposition d'une "protection rapprochée", avec gardes du corps. Ne changeons rien à notre façon de vivre. Les "Sentinelles" doivent retourner dans leurs casernes. Et tous les services (police, renseignement, ...) doivent faire leur boulot. Qu'on leur en donne les moyens par autre chose que des pouvoirs accrus.

Regardez-la, aujourd’hui, la patrie des droits de l’homme. L’œil sur les résultats de sondages massivement (paraît-il) favorables aux mesures d’exception, le chien Cerbère (Hollande-Valls-Cazeneuve), depuis le 13 novembre 2015, de ses trois gueules béantes, gronde, aboie, mord tous les "suspects" qui passent à portée de ses crocs. 

Pierre Grimal, dans son irremplaçable Dictionnaire de la mythologie, écrit : « Cerbère est le "chien de l'Hadès", l'un des monstres qui gardaient l'empire des morts et en interdisaient l'entrée aux vivants ».

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Cerbère s’apprête a pérenniser l’état d’urgence en l’inscrivant dans la Constitution. Mais ça ne lui suffit pas : il s’apprête à faire voter une loi sécuritaire – une de plus – destinée à transférer toujours plus de pouvoirs et de liberté d’action des instances judiciaires vers les instances administratives. 

Et s’il faut vraiment croire que les sondages ne sont pas si fantaisistes que j’ai tendance à le croire, les Français applaudissent, réclament toujours plus de sécurité, de répression préventive. Les Français préfèrent les flics à la justice.

J'en conclus que, les Français, en conséquence, méritent Cerbère. Ils ne se rendent pas compte que Cerbère fut le gardien des Enfers. Je leur rappelle malgré tout comment finit la phrase de Pierre Grimal citée plus haut : « ... et en interdisait l'entrée aux vivants mais surtout, il empêchait d'en sortir ». A bon entendeur.

Et je crains que les trois têtes de son actuel descendant s’apprêtent à bouffer ce qui reste de leur âme. Et nul Héraclès aux alentours pour museler le monstre.

Cette France-là n’est pas la mienne.

Voilà ce que je dis, moi.

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vendredi, 22 janvier 2016

MORT AU CUMUL DES MANDATS !

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Dans Le Progrès du mercredi 20 janvier 2016.

Eh oui, Gérard Collomb : difficile de se multiplier. Sénateur, maire de Lyon, président de la Métropole : trois métiers, trois vies, trois rentrées d'argent. Si ce n'est pas une preuve qu'il faut en finir avec le cumul des mandats !

La France en a marre des sangsues ! Merci au Progrès ! Merci à Geoffrey Mercier, qui ne doit pas beaucoup l'aimer, le Gégé ! Il a raison : Gérard Collomb est un symbole de l'agonie de la vie politique en France, et de sa confiscation par une caste monopolistique.

Après les "printemps arabes", c'est pour quand le "printemps français" ? Allez, reprenez après moi : « Dégage ! ».

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samedi, 26 décembre 2015

HALTE À L’ÉTAT D’URGENCE !

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Ainsi, le président « Degôche » travaille activement à l’avènement d’un Etat policier en France. « Il faut répondre aux gens, à leurs angoisses, à leur besoin de sécurité », soutient mordicus le président « Degôche ». Il ne faut pas "répondre aux gens", crâne de piaf ! Il faut répondre à la réalité ! La meilleure com', c'est l'action concrète.

Alors, cette « déchéance de la nationalité », ça vient ? Attendez d’avoir compris, nous dit le président « Degôche » : Je fais un pas en arrière, sous la poussée de l’aile gauche du PS ? La droite se dresse sur ses ergots : « Nous ne voterons pas la modification constitutionnelle ! ». Fausse alerte ! Parce que ma vraie intention, c'était de forcer la droite à voter ma loi en faisant un nouveau pas en avant ! Je décherrai donc de leur moitié française de nationalité les mauvais sujets qui se seront retournés contre la Nation pour la poignarder. Et pan dans les gencives de la droite, qui réclamait cette mesure ! Il y aura du déchet dans les rangs de la gauche ? Pas assez pour ne pas atteindre la majorité des 3/5èmes au Parlement réuni en Congrès. Je prends le pari. Fin de "citation". 

On reconnaît bien là l’habileté manœuvrière du tacticien, digne héritier de Mitterrand, vous savez, cet inoubliable intrigant florentin, son maître en manigances machiavéliques : la « recomposition politique » a commencé. L’objectif : pouvoirAUGUSTE FRANCOTTE.jpg immortaliser la photo de François Hollande en chasseur de safari, avec en main sa 600 Nitro Express de la maison Auguste Francotte à Liège (ah, ces "Big Five", si finement gravés), poser la botte victorieuse sur le cadavre de la droite française, réduite à un champ de ruines. 

Si j'ai bien compris, on observera donc bientôt une « recomposition », il y aura, selon les vœux du président, dans le paysage, là-bas tout à gauche du tableau, toutes sortes d’inoffensifs menus fretins qui brailleront de plus en plus fort à mesure qu’ils deviendront plus infinitésimaux et groupusculaires ; un ensemble un peu plus consistant de « socialistes frondeurs » qui formeront l’aile « gôche » du PS ; un gros marécage où se retrouvera tout ce qui est rose pâle, centriste et « républicain », qui rassemblera une majorité capable d’enjamber, allègrement et en souplesse, la frontière qui séparait jusque-là la « gauche » de la « droite » ; et puis là-bas tout à droite du tableau, un nouveau parti auquel tous les responsables, depuis trente ans, se seront donné la main pour faire la courte échelle, et qui ne demandera qu’à croître et embellir. 

Etant entendu qu’il n’est nullement question, dans ce tableau, de changer quoi que ce soit aux vieilles pratiques politiciennes en vigueur, celles précisément qui auront créé cette situation d’un genre nouveau. Les abstentionnistes ? Tous des cons ! Que des non-citoyens ! Qu’ils crèvent ! J'en ai rien à faire ! 

Chapeau l’artiste ! Et tant pis pour la France ! Le raisonnement de François Hollande, quand il pense à la France, si mon analyse n’est pas trop éloignée de la réalité, est une inversion radicale de l’inscription que Mathias Grünewald place devant la bouche de Saint-Jean-Baptiste désignant le Christ martyrisé, dans le Retable d’Issenheim (« Illum oportet crescere, me autem minui »). En version corrigée, ça donne : « Illam oportet minui, me autem crescere » (traduction libre : qu’importe que la France crève, pourvu que je croisse). 

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Suprême habileté du chef de bord : pendant que la bataille de chiffonniers agite son chiffon rouge dans les partis, faisant monter l’ « actualité » comme une mayonnaise chantilly très prisée par les médias toujours avides de produire de cette bonne « thèse-antithèse-foutaise » qui abreuve et aveugle les gogos, on ne discute plus de l’essentiel : le passage dans la Constitution de la normalisation de l’état d’urgence. C’est tellement bien joué qu’il n’y a plus que quelques juristes renommés et modérés que personne n’écoute pour s’inquiéter de la chose : qui, à part Mireille Delmas-Marty et Dominique Rousseau ? 

Car le nœud de l'affaire, l'objectif essentiel de François Hollande, c'est d'occuper tout le monde avec l'os de la déchéance de nationalité, pour que plus personne n'ait présente à l'esprit la saloperie première que constituera en France l'état d'urgence éternisé. L’état d’urgence au quotidien, l’état d’urgence ordinaire, l’état d’urgence à demeure, c'est un chien dangereux qu’on serait forcé de garder à domicile pour garder les enfants.

Et dire que la « Gôche » fulminait contre Sarkozy chaque fois qu’il faisait une loi à la suite d’un fait divers tragique ! Mais Hollande fait pire : il instrumentalise une Constitution dont il n’a, sur le fond, rien à faire, pour donner au peuple français (pour ce qu’il en reste) un coup de poing communicationnel dont il espère sans doute qu’il le mettra KO. 

C’est bien cet état d’urgence banalisé, celui qui risque de placer toute la population française sous la coupe administrative de la police et des préfets, c’est-à-dire livrée à l’arbitraire, aux abus et à la violence de forces de l’ordre qui se plaignaient depuis trop longtemps d’avoir les mains liées par l’état de droit (car c’est à ça que ça revient : l’urgence contre le droit). 

Il suffit pour s’en convaincre d’observer le bilan des presque 3000 cassages de portes (alias « perquisitions administratives », en version médiatique) et la taille des poissons ramenés dans leurs filets par les flics. Comme dirait l’inspecteur Charolles au commissaire Bougret (Rubrique-à-brac, Gotlib) : « Comme indice c’est plutôt maigre ».

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La plupart des poissons ne font pas la maille. Pensez, 51 incarcérations ! Et je voudrais bien avoir la liste de toutes les armes que les perquisitions ont permis de saisir : 39 « armes de guerre », ça fait 10%. Et combien d’armes de chasse non déclarées ? Combien d'opinels ? Combien de pistolets à bouchon ? Je te dis qu'il faut du chiffre, coco !

La population devrait s’en convaincre : il faut avoir peur de l’état d’urgence. Ce n’est pas à coups d’état d’urgence et de « perquisitions administratives » que Hollande empêchera le prochain attentat meurtrier sur le territoire français. En démocratie – si le mot veut encore dire quelque chose – l’état d’urgence n’est acceptable que sur une durée extrêmement courte (c’était parti pour douze jours au départ). Sa prolongation « ad libitum », et bientôt « ad perpetuum », une fois gravée dans le marbre constitutionnel, est une infamie pure et simple. 

Qu'est-ce que c'est, ce protecteur, qui commence par abolir la liberté de celui qu’il protège ? Qu'est-ce que c'est, ce loup qui s'érige en gardien des agneaux ? Qu'est-ce que c'est, ce renard qui promet de raccompagner chaque poule à son poulailler après minuit sonné ? Qui veut croire à la fable ? Ceux qui voudraient nous faire croire au père Noël du "Nous sommes tous frères" ? 

Sans compter le linge sale.

Qui peut croire, aujourd’hui en France, que l’état d’urgence le protègera ? Pas moi. 

Voilà ce que je dis, moi.

mercredi, 23 décembre 2015

ÉDUCATION : LE PROGRÈS FAIT RAGE !

Allons, tout va de mieux en mieux en France.

A DRAPEAU.jpg

Cette fois, ça se passe dans l’Education Nationale.

Tout le monde s’était gaussé, il y a quelque temps, du baragouin pédagogiste qui faisait du ballon un « référentiel bondissant », de la piscine un « milieu aquatique profond standardisé », du badminton une « activité duelle de débat médiée par un volant », du kayak une « activité de déplacement d'un support flottant sur un fluide » et des parents d’élèves des « géniteurs d’apprenants », même si cette dernière formule apparaît davantage comme une blague, caustique mais parfaitement ajustée, de Régis Debray. 

Mais le Progrès ne saurait s’arrêter en si bon chemin. On en trouve un exemple probant dans le billet d’Offshore (cliquer colonne droite : "blogs à visiter") du 19 décembre. Son auteur a lu une chronique de Jean-Paul Brighelli dans Le Point, qui évoque certains effets de la dernière réforme des collèges éructée par madame Belkacem et sa cohorte de crânes d’œuf sur les pratiques des enseignants. Ce n'est pas une raison pour acheter Le Point.

Quant à Brighelli, je n'avais pas été épastrouillé par sa Fabrique du crétin, malgré la justesse de l'analyse. Au motif que tout ce que les praticiens du métier d'enseignant peuvent dire, leurs paroles sont inopérantes, impondérables, et à jamais vaines. La machine avance, mue par on ne sait trop quel carburant. Le "bon sens" a beau s'insurger aussitôt qu'on entreprend de l'éviscérer, la machine avance.

La « réforme » en question a inventé des EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) qui visent à abattre les cloisons qui compartimentent abusivement les disciplines et les empêchent de "communiquer". Il ne pourra plus en être ainsi, grâces soient rendues aux innovateurs de la pédagogie. 

Voici ce qu’écrit Philippe Nauher (une variante de Erehwon ?) dans Offshore :

« Ainsi évoque-t-il la mise en place des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires). Et de nous dégoter un bijou de transversalité proposé le 10 novembre dernier par un énergumène de l'académie de Lyon, afin de lier littérature et SVT. Voici l'intitulé : 

"Madame Bovary mangeait-elle équilibré ? Vous analyserez le menu proposé à son mariage, en expliquant en quoi ce sommet de la gastronomie normande ne satisfait pas les exigences d'une alimentation saine et respectueuse de l'environnement». 

"Madame Bovary mangeait-elle équilibré ?" Il fallait oser. J'invite le lecteur à découvrir dans Offshore quelques sujets "interdisciplinaires" gratinés improvisés vite fait sur le gaz par l'auteur.

On me dira ce qu'on veut, voilà du sérieux dans les nouvelles façons d'aborder (d'exécuter) la littérature. Ça intimide. De quoi clouer le bec à tous les ennemis de l’innovation pédagogique ! 

Attention, Najat, j'arrive. Accroche-toi au pinceau, j’enlève l’échelle ! 

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 21 décembre 2015

FRANCE : UN FOSSILE POLITIQUE

A DRAPEAU.jpg

Préambule d'actualité

Le Grand retour de Nanard (ou : Nanard fait son cinéma)

Symptôme du grand délabrement de la vie politique française : Bernard Tapie fait annoncer son retour en politique. Les éditorialistes sont effondrés ce matin, et s'apitoient sur la panouille médiatique dans laquelle Tapie fait mine de revenir patauger. Entonnons avec Orgon le refrain qui scande la scène 4 de l'acte I de Tartuffe : « Le pauvre homme ! ». Enfin, "pauvre", ... ce n'est pas encore fait. Certains préféreront crier, avec les Tunisiens de 2011 contre Ben Ali : « Dégage ! ».

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2 

En France, pour autant qu’on soit bien informés, on n’en est pas là : juste un petit Cahuzac de temps en temps. La pourriture (sens premier de "corruption") semble périphérique. Croisons les doigts. On pourrait s’en féliciter. Malheureusement, la France souffre d’un Mal tout aussi térébrant. « Mon mal vient de plus loin », dit Phèdre dans la pièce de Racine (I,3). J’appelle ce Mal, quant à moi, la « Grande Fossilisation ». Certains commentateurs parlent d'une « vie politique congelée ». Une preuve en est fournie par le fait qu’à droite, un rival crédible de Nicolas Sarkozy dans la course à la présidentielle de 2017 a soufflé le 15 août dernier les soixante-dix bougies de son gâteau d’anniversaire. Soixante-douze ans en 2017 ! Soixante-dix-sept en 2022 (fin de mandat, s'il est élu). Comment est-ce possible ? 

Tout le monde a l’air de trouver ça normal. En réalité, c’est une énormité, une incongruité, une anomalie, un scandale. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter les propos tenus à ce sujet à l’étranger, où l’on est stupéfait, par exemple, de voir qu’un Alain Juppé (c’était bien lui !) était déjà dans la politique plus de trente ans plus tôt.

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MONTAGE PARU DANS AUJOURD'HUI LE PARISIEN DU 21 DÉCEMBRE 2015

Remarquez, il ne fait pas encore aussi bien que Jacques Chirac, dont la carrière politique aura duré quarante ans (1965-2005). Juppé peut encore battre un record. La France politique crève littéralement de ces records de durée. Le renouvellement du personnel politique en France s’opère sur un rythme géologique : dans un million d’années, c’est sûr, les os de Juppé auront subi la pétrification produisant un joli fossile en ordre de marche. Comme diraient Vigneault-Charlebois-Leclerc (4'45") : « Mais nous, nous serons morts, mon frère ». Et Aguigui Mouna (Dupont) ferait inlassablement reprendre en chœur le refrain : « Les-guer-riers-trou-ba-dours/-Les-guer-riers-trou-ba-dours/-Les … » (ça, c'est juste pour ceux qui l'ont connu). 

Voilà : plus grave que la corruption, il s’agit là d’une confiscation pure et simple. Disons-le, depuis lurette, contrairement à ce que s'efforcent de nous faire accroire la meute des « journalistes politiques » et autres éditorialistes, il n’y a plus de vie politique en France : elle a été confisquée par une caste, on pourrait dire une mafia, moins la corruption qui va avec (tout au moins à ce qu’on sait, mais certains parleront d'une corruption structurelle, c'est-à-dire fabriquée par le système dans son ensemble). Le débat politique rampe dans le caniveau, et se réduit à des luttes pour le pouvoir. C'est le moment de faire retentir à nouveau le cri de Sade : « Français, encore un effort si vous voulez être républicains ! » (c'est dans La Philosophie dans le boudoir).

La preuve, c’est que lorsqu’un gouvernement fait mine de s'ouvrir à la « Société Civile », les pauvres sur qui ça tombe sont rapidement éjectés (Francis Mer, Léon Schwartzenberg, …) : ils ne sont pas du sérail. Je passe sur les connivences, pour ne pas dire les complicités qui se sont établies entre les élites politiques, les élites des affaires et les élites médiatiques : contentons-nous de ces mœurs proprement confiscatoires qui ont cours dans les centres de la décision politique, accaparés par une petite caste. 

Y a-t-il même encore des « hommes politiques » en France ? Tous ou presque ont aujourd’hui, et depuis lurette, des têtes de premiers de la classe (regardez la gueule bien lisse de Macron). Et ces mentions "très bien" se sont tracé un « plan de carrière » : à tel âge, je suis "cadre dirigeant", et j'ai ma Rolex avant cinquante ans. Parmi eux, nul n’a plus l’accent d’un terroir quelconque (je ne parle pas de l’accent du midi). Beaucoup sortent, non pas de la société normale, mais de l’ENA ou d’une « Grande Ecole », parfois plusieurs (François Hollande). 

Ces structures sont des bocaux, ils sont ignifugés, et les légumes qu'on y cultive sont mis en conserve après stérilisation. Ils ont appris à « administrer », mais ont-ils appris à « diriger » (au sens marin du verbe « barrer » : donner la direction) ? Même si on n'apprécie guère Pierre Bourdieu, ce serait le moment de faire une large publicité à La Noblesse d'Etat (Minuit, 1989), où il met en évidence l'étroite relation qui s'est établie entre vingt et une Grandes Ecoles et les cercles du pouvoir (politique, entre autres).

Dans leur immense majorité, ce ne sont pas des hommes politiques, mais des administrateurs de biens, des bureaucrates, des cadres, des gestionnaires, des comptables. Et ce sont ces régisseurs, ces fondés de pouvoir, ces managers, ces chefs de bureau et autres "maires du palais" que les Français ont l'inconscience de porter au pouvoir, élection après élection. Qui croit un mot de ce qu’ils disent, quand ils affirment « porter des convictions fortes » ?

Démunis de stratégie à moyen ou long terme, ça ne les empêche pas de marteler à longueur d'antenne : « Le Projet ! Le Projet ! Le Projet ! », en prenant bien soin de ne jamais préciser ce qu'ils mettent dedans concrètement. Diplômés de Science-Po, hommes du verbe, experts de je ne sais quoi, je veux bien l'admettre, mais en aucun cas des "hommes politiques". Ils savent un tas de choses subtiles et savantes, mais ils ignorent le principal : ce qu'il faut faireCeux qui ont le pouvoir n’ont pas de convictions. Et les seuls qui sont sincères n’ont aucun pouvoir. 

Leurs seules convictions ? Faire preuve, avec un inentamable « sens du travail bien fait », de leur capacité à « traiter un dossier », quand il faudrait des Volontés. Ah ça, on ne peut pas leur refuser ce savoir-faire : constituer un dossier, ils savent. Pour les tactiques et les manœuvres, on peut leur faire confiance. Leur seule méthode ? La « navigation à vue ». Je devrais même dire : le cabotage, vu leur répugnance à s’éloigner des côtes : voir ce qui est « possible ». Ensuite, si ça fait de trop grosses vagues, en rabattre et se réfugier au plus vite dans la crique la plus proche. Ils n’ont pas de radar, pas de destination, pas de port d’attache. 

Et puis, pas le temps d’aller mettre les mains dans le cambouis de la « Société Civile » : on ne va pas se salir les mains dans la réalité de tout le monde, ce n’est pas pour rien qu’on a été premier de la classe. Ça met à l'abri. Voilà : ils font partie de la secte "Tous aux abris". Leur parcours les a fait passer directement des tables de salles d’examen aux bureaux Second Empire. Leur expérience est d’avoir côtoyé un univers de papier, de mots et de concepts. Jeunes poissons, ils n’ont aucune envie de sortir du bocal pour partir dans des ailleurs exotiques pour respirer le grand miasme putride du monde réel. Le grand remugle fermenté dans le ventre de la complexité du monde. Le politicien ordinaire de niveau moyen, en France, aura eu l'avantage de ne jamais avoir été mis directement en présence des pestilences olfactives libérées par le sphincter anal de la réalité, elle aussi ordinaire, pourtant.

Jeunes chevaliers à peine sortis de l’Ecole, ils n’ont d’autre hâte que d’aller mettre leur épée au service d’un suzerain qui accepte de les adouber, et de leur accorder un fief en apanage, avec le titre d' « attaché parlementaire ». En échange d'une loyauté de vassal impeccable, cela va sans dire. De l’Ecole à la Chambre, sans passer par la réalité ordinaire : la porte peut alors s’ouvrir sur le bel horizon d’une « carrière politique ». Roule Raoul ! La machine à produire les fossiles politiques a de beaux jours devant elle. L'abstention est la manifestation aveuglante du dégoût sans cesse accru de la population envers ces mœurs ahurissantes. Mais qui fera parvenir ce message à leurs oreilles ? A leur cerveau ? A leur conscience ? Mais ont-ils une conscience ?

La machine à produire du Front National se dirige vers un avenir radieux. 

Voilà ce que je dis, moi.

 

Note : suiteetfin demain.

dimanche, 20 décembre 2015

FRANCE : UN FOSSILE POLITIQUE

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1 

A quoi bon revenir, une fois de plus, sur l’état de la vie politique en France ? Si ça servait à quelque chose, il y a longtemps que la situation se serait améliorée. Or les commentaires judicieux, les analyses pertinentes et les diagnostics alarmants sont tombés comme à Gravelotte, aux dernières élections. Donc, disons-le, ça ne sert à rien. Eh bien tant pis : ce n’est pas une raison pour ne pas en parler. Le constat est terrible. Beaucoup d’analystes, français ou non, le disent : le système politique français est à bout de souffle. Ce vieillard cacochyme n’aura pas la force de sortir du bourbier pour se régénérer et repartir sur de nouvelles cannes. Là, c'est le fauteuil roulant. Electrique et autodirectionnel à radar si possible.

Le symptôme de cette maladie en phase terminale s’appelle, on l’a deviné, « Front National ». J’ai bien dit : symptôme. Le Front National n’est rien d’autre que la sorte d’éruption cutanée qui signale que la personne développe une scarlatine (ou une autre selon préférence) : si l’on ne soigne pas l’organisme, nulle chance d’endiguer l'invasion de points rouges provoquée par l’éruption. Pour « combattre le Front National », il faut soigner la France. Hélas, ce qui est à craindre, dans la circonstance, c’est le « désert médical ». 

Je reviens donc sur la prospérité électorale du Front National, cette incroyable prospérité qui fait lever un vent de panique sur les « partis de gouvernement » ; cette épouvantable prospérité qui fait croire au monde entier que la France est le terrain d’une atroce « montée de l’extrême-droite » (pas d'affolement quand même : 15,06% des inscrits au 2° tour, pour le "premier parti de France", ils n'ont pas intérêt à la ramener, le PS ne fait guère mieux, avec 16%). Tous les mages, Valls en tête, qui nous serinent l’antienne « Il faut combattre le Front National » ne sont que de cyniques salopards qui ne cherchent qu’à détourner l’attention de l’essentiel : il urge de soigner la France. 

Mais y a-t-il seulement un (bon) médecin dans la salle ? Etant entendu que le bon médecin est celui qui pose le bon diagnostic. Je ne sais pas si j’aurais fait un bon médecin, mais là, ça crève les yeux : le Front National est un « Golem », ce mannequin de terre sur lequel le magicien trace sa formule cabalistique en hébreu (je pense évidemment au maître livre de Gustav Meyrink). Le Front National ne serait pas sorti de l’inexistence s’il n’avait pas été fabriqué de toutes pièces par le système politique dont il est la créature : comme le Golem, il fait aujourd’hui mine d’échapper à la volonté de ses créateurs. 

Je le redis, le Front National est cette baudruche ridicule, dont le raisonnement et la doctrine politiques, qui tiennent à peu de choses près sur un confetti, s’apparentent fort au crachat à la gueule, mais une baudruche devenue un véritable épouvantail à la suite de tortueux calculs politiciens, mais aussi et surtout, de l’incompétence cumulée de décideurs incapables de saisir et de maîtriser les réalités du monde actuel, c’est-à-dire de résoudre les problèmes qui surgissent (faire en sorte, par exemple, que le travail ne foute pas le camp, s'il n'est pas déjà trop tard) ; d’ambitieux sans envergure qui ont vu s’ouvrir devant eux la perspective d’une carrière prometteuse ; de médiocres tâcherons avides de mordre dans le fromage national en y exerçant des pouvoirs de « petits chefs » (en attendant mieux) ; de fonctionnaires incapables d’envisager un horizon politique un peu noble, incapables de faire abstraction de la prochaine échéance électorale pour se forger le corps d’une doctrine d’action à long terme dépassant leur pauvre petite personne. 

Incapables de proposer même l’embryon d’une pensée politique un peu formée, tous ces charlots pourraient figurer dans la version modernisée du très glauque et grenouillant Son Excellence Eugène Rougon (Emile Zola, faut-il préciser). Sans cette désespérante médiocrité de gens qui prouvent tous les jours qu’ils se rabattent sur les mots faute de se montrer capables de changer les choses, le Front National en serait resté aux 4 ou 6% dont devait se contenter le vieux Le Pen, avant que Mitterrand lui ouvre, pour ses propres calculs, la porte de l’ascenseur. Bref, le Front National, en plus d'être nourri par les difficultés de plus en plus insolubles auxquelles se heurte toute une population de gens ordinaires, est l'enfant difforme de la médiocrité d'un personnel politique erratique, abâtardi et fonctionnant "en bande organisée".

Ma conviction est que le Front National est la version caricaturale exacerbée des partis qu’il dénonce : un calque, un clone, une créature de l’ « établissement » que le vieux Le Pen faisait semblant de combattre. Ma conviction est que le Front National prospère sur le fumier qu’est devenue la vie politique en France, depuis, disons, Giscard d’Estaing. Ma conviction est que tous les grands dirigeants qui lui ont succédé ont rapetissé la France. Ma conviction est que, sans l’insigne insignifiance des « hommes politiques » français poussés sur le fumier politique, le Front National serait resté une crotte de bique. J’arrête là les anaphores : j’aurais trop honte de tomber dans les « Moi Président … ». 

Ce n’est donc pas, j’en suis convaincu, la corruption qui mine la vie politique française. Je n’en dirais pas autant si la France s’appelait le Mexique, l’Espagne ou le Brésil. Luis Barcenas, le trésorier du PP espagnol, est au cœur d’un énorme scandale financier. Au Mexique, la collusion objective entre le monde politique, certaines forces de l’ordre et les gros bonnets et cartels du narcotrafic est telle qu’on se demande si l’on peut encore parler d’un « État ». Quant au Brésil, le scandale « Pétrobras » fait suffisamment de bruit dans nos médias pour qu’il soit utile d’insister. 

Et je ne parle pas de certains pays africains, de la Russie, de la Roumanie, etc. 

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 07 décembre 2015

LE VINGTIÈME SIÈCLE ET LES ARTS 2/9

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ESSAI DE RECONSTITUTION D’UN ITINÉRAIRE PERSONNEL

(récapitulation songeuse et un peu raisonnée)

2/9 

Du "Contemporain" comme s'il en pleuvait.

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J’avais même acquis un disque étrangement intitulé « the entire musical work ofDUCHAMP MARCEL.jpg Marcel Duchamp », concocté par Petr Kotik (ensemble s.e.m., label ampersand, chicago) sur la base d’un travail de transposition de la méthode duchampienne d’écriture créative dans un univers supposé reproduire en musical le « poétique » de la démarche. Il comporte évidemment un morceau intitulé La Mariée mise à nu par ses célibataires, même (l’alias « Grand Verre »). C’est dire jusqu’où pouvait aller mon audace dans la consommation de produits : rien de ce qui était « moderne » ne devait m’être étranger. 

J’étais assidu aux vernissages d’expositions d’artistes contemporains, et je ne manquais aucune Biennale, aucune manifestation du Centre d’arts plastiques de Saint-Fons, où œuvrait l’ami Jean-Claude Guillaumon (j’y ai même participé, dans une manifeste erreur de casting). J'étais prêt à tout applaudir, y compris les quarante ou cinquante traversins suspendus au plafond par je ne sais plus quel abruti (Gwenaël Morin ?), qui en avait orné la partie visible par le public des prénoms de toutes les filles et femmes qui étaient censées y avoir posé la tête. Mais la Ville de Sérusclat faisait bien les choses : le buffet était copieux, le vin coulait. Ça aide à faire passer. Ou à fermer les yeux.

Je savais aussi pas mal de choses, en musique, de l’ « Ecole de Vienne », du trio Schönberg-Berg-Webern, du sérialisme, du dodéca(ca)phonisme et tout le tremblement. J’écoutais alors volontiers les pièces op. 11 et op. 19 de Schönberg par Pollini, la 2ème Sonate de Pierre Boulez par Claude Helffer, le Stimmung de Stockhausen, en essayant de me convaincre que j’étais à la pointe du « Progrès » en musique. Rien que du pur. Je me disais qu’il fallait que je me persuadasse que c’était ça, la beauté moderne. 

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J’étais là, à l’orchestre, à l’Opéra de Lyon, en 1970, avec une bande de barbus-chevelus, au milieu des effarouchés smokings-nœuds-papillons-robes-de-soirée, lors des débuts gauchistes de l’ « Opéra-nouveau » (Louis Erlo), pour la première du Wozzeck de Berg : les places, en ce soir inaugural, avaient provisoirement cessé d’être hiérarchisées. C’est un souvenir plutôt rigolo, mais je dois bien dire que, sur le moment, je n’avais entravé que pouic à la tragédie de cet humain de base qui ne savait dire que : « Jawohl, Herr Hauptmann ! », tuer sa maîtresse et se suicider. Je me sentais un peu diplodocus. Comme vexé de me voir en retard d'une extinction des espèces. Je réclamais ma part. Je voulais participer. Diplodocus, aujourd'hui, j'en suis un, mais je le sais, j'assume la chose, et même je la revendique. Et c'est le siècle qui a tort.

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Bref, j’étais « moderne » et en phase avec mon temps. Je croyais au « Progrès », à la bousculade inventive de l’ordre établi, au chamboulement fondateur, à la « destruction créatrice » (le concept-phare des théories économiques ultralibérales de Joseph Schumpeter). J’étais immergé dans l’expérimental novateur. Autrement dit, je n’avais rien compris. J’étais un âne, bête à manger du "son", par la bouche, par les yeux et par les oreilles. 

Et puis j’ai viré ma cuti, retourné ma veste, changé mon fusil d’épaule, jeté la défroque aux orties, brûlé ce que j’avais adoré. En un mot comme en cent : je me suis efforcé de « me dépouiller du vieil homme corrompu » et de « revêtir l’homme nouveau » (épître aux Ephésiens, IV, 22 et suiv.). Cela m’a pris beaucoup trop de temps pour y arriver, mais s’est produit dans un temps relativement bref. Le fruit devait être arrivé à pleine maturité. Suis-je moins bête pour autant ? Va savoir … En tout cas, aujourd’hui, je suis un peu plus sûr de ce que j’aime.

Et de ce que je n'aime pas. 

Voilà ce que je dis, moi.

dimanche, 08 novembre 2015

POLITIQUES ET RÉALITÉS VIRTUELLES 2

J'avais commencé à dire dans quel état je vois la vie politique actuelle en France. En résumé : pas brillant !

2 

Des mécanismes supranationaux et transnationaux ont pris le pouvoir, évinçant du même coup la notion de parti politique. Il n’y a plus de partis politiques, il n’y a plus que des officines conçues à seule fin de conquérir le pouvoir. Il n’y a plus de gauche ou de droite, plus de vision de l'avenir, plus de volonté de construire. Il n'y a plus de dirigeants : il n'y a plus que des directeurs. Il y a des chefs de bureau, des comptables, en un mot : des administrateurs, des gestionnaires. Si possible issus de l'ENA, où l'on apprend à pondre en virtuose des palanquées de rapports « Constat / Causes / Solutions ».

Je veux dire qu’il ne peut plus y avoir d’affrontements entre « adversaires politiques » reposant sur l’opposition de « projets politiques » structurés. En un mot, la lutte des classes a laissé place à la lutte des clans : affrontements purement claniques, parfois mafieux, pour le pouvoir, mais formulés, pour le confort intellectuel de la galerie, dans des catégories obsolètes et sous les étiquettes défuntes des « idées politiques », remontant à la guerre froide, avant la chute du Mur et l’effondrement de l’empire « communiste ».

Les politiciens ne sont plus que des comédiens spécialisés dans des rôles servant d'étiquettes : c’est à qui fera le mieux semblant d’incarner les « idées » portées par son camp. Il ne s'agit plus que de "capter l'auditoire" et d'attirer les voix des électeurs. L'hypocrisie est maintenant inscrite au programme de la formation professionnelle du politicien (je me réfère à l'étymologie grecque du mot hypocrite), produisant un catéchisme plus connu sous l'appellation de « langue de bois ».

Pour ce qui est du contenu des « idées », ce sont des think tanks spécialisés qui reçoivent pour mission de les élaborer, de les produire, de les faire mijoter, de les emballer. Pour le parti « socialiste », c’est la fondation « Terra nova » qui en est chargée. C’est elle qui a, dans un passé récent, proposé au PS d’abandonner toute référence à la classe ouvrière, pour s’adresser en priorité aux « bobos », vivier de cette gauche morale terrifiante de bonne conscience qui, ayant abdiqué toute ambition de changer le monde et convertie à l’économie de marché, commodément contente de son sort, se montre cependant toujours prête à s’acheter une conscience en impulsant des réformes présentées comme autant de progrès, mais attention : seulement des réformes « sociétales ». Ne touchons pas à ce que Marx appelait l' "infrastructure".

Aucun de ces « politiciens » - on est en démocratie - ne peut accéder au pouvoir s’ils ne se concilie pas les bonnes grâces de sa « clientèle », pardon : de l’électorat. Pour savoir ce qui lui vaudra ses faveurs, pas d’autre moyen que de chercher à savoir ce qu’il pense. Ensuite, à lui de s'y prendre astucieusement pour lui servir la soupe. On devine comment : enquêtes de motivations, marketing, bref : sondages d’opinions. On enfonce le thermomètre dans le cul de l'opinion. On procède ni plus ni moins que pour vendre des savonnettes, des yaourts ou des boîtes de sardines. 

Ensuite, une bonne agence de communication, comme pour n’importe quelle publicité, va vous concocter un « message » (traduction : un slogan publicitaire : la force tranquille, ensemble tout devient possible, le changement c'est maintenant) qui, on l’espère, entrera assez en résonance avec l’opinion majoritaire pour que la clientèle mette la main à la poche, c’est-à-dire le bon bulletin dans l’urne. Voilà à quoi ressemble la politique en France aujourd’hui. 

Maintenant je peux enfin en arriver à ce qui m’a servi de point de départ : pourquoi croyez-vous que Sarkozy retrouve des accents martiaux sur le laxisme de madame Taubira, le laxisme des juges, l’insuffisance des places de prison, l’insécurité dans les « quartiers », au point de promettre qu'il mettra toutes ces réformes par terre ? 

Très simple : toujours aussi gros consommateur de sondages, il ressert à la population française le thème que les enquêtes d’opinion ont mis en relief. Il se contente de mimer ce qu'il croit être les "attentes de la population", en espérant entrer en "consonance" avec elle (grille de lecture PNL, cette bible des démarcheurs qui ont quelque chose à vendre). Traduction : il fait de la « Com’ ». Le sentiment d’insécurité éprouvé par monsieur Toulmonde, lui, il s’en contrefiche, il a sa cohorte de gardes du corps, il n’est pas concerné. Sarkozy ne s’appelle pas Toulmonde. 

Mais ça veut dire aussi que la réalité de la délinquance en France, il n’en a rien à foutre. Les preuves ? Sarkozy au pouvoir, c’est la destruction de la « Police de proximité », que Jospin avait mise en place avec intelligence, pour mener une efficace politique de prévention de la délinquance. Sarkozy au pouvoir, c’est la fusion catastrophique des RG et de la DST (Mohamed Mehra est un "dommage collatéral" de cette politique). Sarkozy au pouvoir, c’est la loi sur les « peines planchers », aux effets délétères sur la récidive. Sarkozy au pouvoir, c’est la comparaison de la magistrature dans sa globalité avec des rangées de boîtes de petits pois sur des rayons de supermarché. Il ne gouverne pas la réalité, il gouverne le reflet de l’opinion publique que lui livrent par cageots entiers les instituts de sondage. Son obsession, c'est d'être « en phase » avec ce qu'il croit être le peuple.

Hollande ne vaut pas mieux : l’épisode affreusement minable organisé autour de la désormais célèbre Lucette Brochet, de Vandœuvre-lès-Nancy, en est une preuve suffisante. Ce qui caractérise ces dirigeants politiques, leur point commun, c’est que, pour eux, il suffit de gouverner l’image du réel. Leur monde à eux, leur réalité à eux s’arrête à l’horizon qu’ils aperçoivent du fond de leur bocal. 

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« Le pouvoir sur Rubanis … un simple tas de poussière. – Oui, mais maître des images. » C’est Valérian qui répond à Laureline à la fin de l’excellent Les Cercles du pouvoir (Dargaud, 1999), des maîtres Mézières et Christin. Rabelais raconte une histoire vaguement cousine au chapitre XXXVII de son Tiers livre : un rôtisseur veut faire payer un faquin qui « mangeoit son pain à la fumée du roust », juste pour lui prêter le parfum de la viande. 

Pour les départager, on fait appel à Seigny Joan, un « fol, citadin de Paris ». La sentence tombe : « La Court vous dict que le faquin qui a son pain mangé à la fumée du roust civilement a payé le roustisseur au son de son argent ». Tout le monde applaudit cette sagesse salomonesque. Sauf qu'aujourd'hui, Seigny Joan a pris le pouvoir. Et que le peuple n'a plus que la « fumée du roust » et le « son de son argent ». Le parfum du bonheur. La musique de la prospérité. Tout va bien. Dormez, braves gens.

Rabelais, on ne le sait pas assez, annonçait là le règne aujourd’hui admis par tous comme plus réel que le réel, de la « réalité virtuelle ». L’homme « politique » (je me gausse) d’aujourd’hui s’efforce d’agir sur des virtualités en faisant croire qu’il agit sur les réalités. Il agit sur les signes, puisqu'il ne peut plus agir sur les choses. Les choses, quant à elles, restent imperturbables : elles continuent d’avancer. 

Conclusion de tout ça : de même que les décideurs politiques ne saisissent qu’une réalité de plus en plus virtuelle, leur action s’exerce de façon virtuelle. Une action incantatoire qui se réduit au discours qui sort de leur bouche. Lénine publiait, en 1902, Que Faire ?. Aujourd’hui, en France, on connaît la réponse : plus personne, parmi les responsables, ne sait quoi faire. 

Les décideurs politiques, à bien y réfléchir, sont de plus en plus désespérés : ils courent après l'opinion publique, ils courent après les sondages, ils courent après les médias, ils courent après une réalité qui leur échappe davantage de jour en jour. Ils se demandent avec angoisse comment arrêter de mentir. Ils se disent que, peut-être avec raison, le jour où les électeurs sauront la vérité, ils seront à leur tour poussés au désespoir, et alors là, que se passera-t-il ? Ils n'osent pas y penser.

En d'autres temps, ils se mettaient tacitement d'accord pour "ne pas désespérer Billancourt" et s'entendaient, grosso modo, sur un modus vivendi acceptable pour que personne ne reçoive trop de bouses de vaches sur la figure. Quand le peuple sortira de la caverne, ébloui par la lumière de la vérité, que fera-t-il ? Horresco ! Vade retro ! Tantum ergo ! Delenda Carthago !

Une seule solution : continuer dans le mensonge. Que tout le monde reste dans la caverne !

Le monde extérieur est peut-être hors de contrôle, après tout.

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 07 novembre 2015

POLITIQUES ET RÉALITÉS VIRTUELLES 1

1 

Je parlais dernièrement (le 2) de la classe politique désastreuse dont la France est affligée depuis trop longtemps, et ce que j’entends ne fait hélas que le confirmer. Ainsi Nicolas Sarkozy vient-il de jurer ses grands dieux que s’il revient au pouvoir (ce qu’à Dieu ne plaise, par pitié !), il mettra par terre tout ce qui a été fait, en matière de justice, de police et de politique pénitentiaire, par le gouvernement actuel, sous la houlette de ministres parmi lesquels, pour la droite, madame Taubira joue à merveille le rôle d’épouvantail et de punching ball. 

Pour être franc, j’ai tendance à éprouver une sévère antipathie envers cette personne, d’une part pour l’avoir entendue à plusieurs reprises s’exprimer lors de débats contradictoires, au cours desquels elle ne cessait d’aboyer et de couper la parole aux autres intervenants et où elle apparaissait comme une furie pleine de vindicte envers la France, une France qu’elle ne remercie même pas de lui avoir fait l’honneur de la faire figurer au gouvernement. Une personne détestable. 

D’autre part, je n’oublie pas le coup de force auquel elle a prêté la main, je veux dire l’infamie que constitue encore aujourd’hui l’ouverture du mariage aux homosexuels. J’aurais aimé à cette occasion, où les médias s’extasiaient du fait que « des sondages » montraient « indubitablement » que 63% des Français y étaient favorables, j’aurais aimé que notre minuscule président ait le courage de faire un sondage grandeur nature en organisant un référendum. Il aurait vu, à n’en pas douter, ce que valent les sondages. Mais il avait la soupe à servir à la clientèle électorale qu’il avait draguée en lançant ses promesses. 

Mais foin de Taubira et compagnie. Mon propos est ailleurs. Car la sortie sécuritaire de Sarkozy est un symptôme de la terrible maladie dont la vie politique française est atteinte. Si le nabot fauteur de trouble a enfourché ce cheval, ce n'est pas par conviction (en a-t-il, d'ailleurs ?) : c'est parce qu'il trouve dans les problèmes sécuritaires un « thème porteur », un « créneau » censé entrer en résonance avec l'opinion publique telle qu'elle s'exprime dans les sondages. On est en campagne électorale : la « communication » fait rage. Cela explique.

Selon moi, les programmes politiques et économiques de la gauche et de la droite se différencient par la place des virgules et le nombre d’accents circonflexes : sur le fond, les deux camps sont d’accord pour libéraliser (on dit : « libérer les énergies », « briser les carcans réglementaires » et autres joyeusetés langagières). Ils diffèrent par la hauteur à laquelle ils envisagent de placer la barre : en gros, c’est Macron contre Fillon, le « modéré » contre l’ultra. 

Je veux dire que dans la guerre économique qui se livre dans le monde depuis quelques décennies, le tant célébré « Modèle Français » est définitivement mort et enterré, et que nous devons cette défaite absolue à la "construction européenne" dans son principe, puisque fondée sur la « concurrence libre et non faussée ». Autrement dit la disparition pure et simple de tout ce qui ressemble à un monopole d’Etat. 

Or, ce si vilipendé monopole d’Etat, à quoi servait-il ? A offrir à tout le monde, en quelque point du territoire national qu’on se trouvât, un service identique pour le même prix. Autrement dit, le monopole d’Etat, ce monstre antédiluvien, garantissait la protection de quelque chose qui est devenu négligeable, dans ce monde de libéralisme à tout crin : le BIEN COMMUN. 

Tout ce qui touche au bien commun me trouvera résolument "de gauche" quand il se trouvera menacé. Hélas, le bien commun a disparu du paysage politique. Je l'ai déjà dit : je reste "de gauche" pour tout ce qui touche les conditions concrètes de la vie en commun (conditions de vie, économie, ...), mais pour ce qui est des "valeurs", des mœurs et de la vie "sociétale", je suis "à droite toutes", et j'assume. 

Ah, le "bien commun", cet archaïsme. Pour mieux dévaluer la chose, les responsables et les journalistes appelaient cela le « Service Public à la française », pour bien insister sur le particularisme étrange que celui-ci représentait dans la modernité du monde en marche. Pour bien signifier le « Retard » de la France par rapport aux champions de la marchandisation universelle. 

Le Bien Commun ayant été détruit à coups de privatisations massives, et les entreprises publiques ayant été démantelées afin de mettre la France « en conformité avec les traités », les politiciens français se sont trouvés obligés de mentir pour faire passer la pilule, de « mettre en musique », de présenter les « éléments de langage » pour que cette révolution qui subvertissait tout ce qui faisait l’identité de la nation française apparaisse comme le cours normal des choses, comme l’évolution logique et fluide d’une histoire en progrès permanent et qui, par-dessus le marché, ne renierait rien du passé. 

Cet énorme paquet de mensonges, inutile de dire que tous les partis de la droite y étaient prêts depuis longtemps, le libéralisme économique étant d’une certaine manière « dans ses gènes ». La droite était simplement retenue par l’existence du PCF (adossé à l’URSS) et par la combativité de sa base ouvrière, auxquels elle était forcée de faire des concessions : une histoire de rapport de forces. Pour la gauche, ça s’est passé beaucoup moins bien. Celui qui a fait prendre au parti « socialiste » le virage « à droite toute » s’appelait évidemment François Mitterrand. Cela se passait en 1983. 

Et ce « Tournant de la Rigueur », plongea tous les responsables du parti « socialiste » dans une hypocrisie littéralement structurelle, congénitale et forcée : il fallait s’adapter au libéralisme ambiant, mais sans rien renier, dans les paroles et les discours, du « modèle français ». L’imposture est là. Le modèle français est défunt, et sa résurrection n’est pas au programme. Le résultat de cette mutation dans le langage fut, entre autres, la floraison d’agences de communication chez lesquelles les politiciens venaient faire leurs emplettes en matière de discours et d’ « éléments de langage ». 

Le résultat politique de cette mutation fut que gauche et droite n’ont plus divergé, mais, pour se différencier un peu, ont été obligées de se rabattre sur des détails, la gauche étant volontiers plus « sociale », et même « sociétale » (présenter le mariage homo comme une mesure de progrès, donc forcément « de gauche »), la droite plus « libérale ». Les programmes de gauche et de droite ne sont peut-être pas copie-conforme, mais pas loin. Il ne faut plus parler de "couleurs politiques", mais de nuances.

Les avides de pouvoir ne peuvent plus se targuer de défendre des idées : il n’y a plus d’idées proprement politiques dans les partis de gouvernement. Qui propose (je veux dire : sérieusement) une société plus juste ? Une société plus heureuse ? Un monde moins inégalitaire ? Qui a un plan pour que puissent s'instaurer des rapports humains équilibrés ? Qui a un projet, en dehors de la féroce lutte pour la survie que les humains se livrent, tous contre tous ?

Qu'il s'annonce, s'il existe.

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 02 novembre 2015

LE PS DANS LA NASSE

Le Front National, c’est entendu, est un épouvantail, un grand diable exotique (exogène, allogène, hétérogène, bref : métèque). C’est une créature bizarre : il est né sous nos climats tempérés, la loi le considère comme « un parti comme les autres », puisqu’il n’est pas interdit. Pourtant, tout le monde bien-pensant le considère comme foncièrement inassimilable : « Nous ne sommes pas de cette pâte-là ! », s’insurge chacun quand on lui fait grief de « faire le jeu du Front National » (Michel Onfray est le dernier à avoir reçu cette foudre jupitérienne et médiatique : même pas mal). 

Le désespoir des « partis de gouvernement » (je pouffe) est palpable. Ceux-ci se gardent bien de présenter les choses de cette manière pour le moins désagréable : ils retournent ce désespoir en fureur contre le Front National et tous ces fameux complices, qu’ils s’empressent d’accuser d’en « faire le jeu ». Tout est de la faute du Front National, on vous dit.

Je l’ai dit ici il y a un certain temps : au pays des lilliputiens, les nains sont rois. Au pays des minables, les moins que rien règnent. Pour parler clair, le Front National, à toutes les élections, serait toujours aussi microscopique, et se traînerait toujours autour de 5 ou 6% (en gros : existerait à peine) si deux facteurs n’avaient constamment tout fait pour qu’il n’en fût rien. D’une part, le fait qu’il ait été cyniquement instrumentalisé par François Mitterrand (et successeurs) pour torpiller la droite (après avoir torpillé le Parti Communiste avec le « Programme Commun »), en instaurant de la proportionnelle, ce qui avait fait entrer quelques voyous à l’Assemblée.  

D’autre part, la médiocrité superlativement crasse de la classe politique française, ajoutée au verrouillage, depuis quarante ans, de toute la vie politique française par deux partis organisés militairement et féodalement pour tuer dans l’œuf toute tentative innovante de faire de la politique autrement : Pierre Larrouturou, Nicolas Dupont-Aignan et d’autres en savent quelque chose, pour avoir été impitoyablement relégués dans les marges, autrement dit les ténèbres extérieures, parce que. 

Ces deux partis font semblant de se livrer une guerre de tranchées : dans le bocal, tout le monde se connaît, se tutoie, s’invite à dîner. Ils ne sont pas là pour la France : ils sont là pour soigner la carrière. Et ils sont là sinon depuis toujours, du moins depuis qu’ils sont sortis des Ecoles. La réalité de tout le monde, ils ne connaissent que par ouï-dire ou sur dossier.

D’où les mêmes bobines depuis des dizaines d’années : comment voulez-vous que quelque chose change, si les hommes ne changent pas ? La « Promotion Voltaire » (Hollande, Royal, combien d’autres), c’était en 1980. Trente-cinq ans !!! Dites-moi qui est neuf, parmi les gens qui nous gouvernent ! Pour espérer faire changer les choses, il faut commencer par virer les hommes qui étaient chargés de s'en occuper, après leur avoir vigoureusement botté le cul (« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », ajoute Georges Brassens, dans "Grand-père", mais il s'agit d'un curé).

Ils n’ont pas d’idées, pas de programme. Ils naviguent à vue : les sondages leur servent de gouvernail. Ils n'ont pas de France. Leur seul horizon, c’est l’élection prochaine : la meilleure façon de n'avoir aucune perspective et de s'interdire de conduire des politiques de long terme (surtout que l'autre camp, pour bien montrer que « l'adversaire » a tout faux et fait tout de travers, s'empresse de défaire ce qui a été fait). Leur seule image de la réalité est élaborée par les sondages, les sous-fifres et un essaim de bureaucrates. Leur seul discours leur est soufflé par des experts en communication.

Leur seul programme, c’est le pouvoir pour le pouvoir. S’ils n’y sont pas, ils veulent le conquérir, s’ils y sont, ils font tout pour y rester (Jeanne d'Arc, à qui, pour la piéger, le juge demandait si elle était en état de grâce, eut cette réponse extraordinaire : « Si je n'y suis, Dieu veuille m'y mettre. Si j'y suis, Dieu veuille m'y garder »). Il résulte de ce fonctionnement mafieux la fossilisation politique de la France dans le statu quo et l’impuissance face à la réalité. 

Et l’on nous raconte à satiété que Finkielkraut, Onfray et quelques autres « font le jeu du Front National », qu’ils sont d’infâmes « réactionnaires ». Et on nous assène, contre toute vraisemblance, que « le Front National n’est pas un parti comme les autres ». Mais bien sûr que si, qu’il est comme les autres : une machine à conquérir le pouvoir, une fois soigneusement « dédiabolisé » par l'héritière. Pour y faire quoi ? Qui le sait ? Peut-être ne le savent-ils pas eux-mêmes. Mais Sarkozy, puis Hollande, savent-ils davantage ce qu’ils font ? 

Ce que je crains le plus, au sujet du Front National, c’est précisément qu’une fois au pouvoir il fasse la même chose que la mafia « UMPS », mais en pire : entre les incompétents, les abrutis, les méchants et les idéologues dont ses rangs sont composés, il y aurait du mouron à se faire. En dehors de ça, qui n’est tout de même pas rien, qu’est-ce que les « républicains » et les « socialistes » lui reprochent, au Front National ? 

Très simple : de vouloir mordre dans le gâteau, un point c’est tout. « Républicains » et « socialistes », les deux « familles » (dans l'acception sicilienne du terme) principales, jusqu’à aujourd’hui, se le partageaient entre ennemis très confraternels, et se repassaient le corbillon au gré des fluctuations et des conjonctures, avec leurs hauts et leurs bas. On se disputait en présence des micros et des caméras, mais sur le fond, on s’entendait comme d’excellents complices. Autrement dit larrons en foire. 

Alors cette histoire de « front républicain » contre le Front National ? Du côté de Sarkozy, on a tout à gagner, vu les circonstances présentes : on s’apprête à rafler la mise aux régionales. On aurait donc tort de se faire hara kiri dans les régions où l’on arriverait troisième. 

Au parti « socialiste », au contraire, on serre les fesses en attendant le désastre. On se dit que la vie n’est pas juste : d’un côté on risque d’être accusé de « faire le jeu du Front National » si l’on se maintient au deuxième tour ; de l’autre on se suicide politiquement pour six ans, si l’on fait le choix héroïque de se retirer au profit des « républicains ». Sans compter le manque à gagner (la part des indemnités que les élus reversent au parti) : les socialos n’ont pas oublié ce qu’ont coûté les dernières raclées à leur compte en banque. 

Alors : suicidé ou kollabo ? Le dilemme récemment évoqué par Le Monde (voir ici au 26 octobre) n’est pas mince. La réaction morale (fièrement martelée par Valls) mettra le parti « socialiste » complètement hors-jeu dans les régions perdues, et peut-être pour plus longtemps que promis par les échéances électorales à venir. Et laissera les mains libres à la « famille » rivale, qui se croira dès lors tout permis et pourra se goinfrer à son aise, en attendant sa future défaite. 

Et la France, dans tout ça ? Quand on a fait le tour de son paysage politique, on ne peut s’empêcher de frissonner face au champ de ruine.

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 26 octobre 2015

LES PETITS MOTS DU MONDE

Dans les titres du Monde (le « journal de référence »), il y a eu, pendant longtemps, l’éruption cutanée aiguë de l’expression « relance le débat » (j'en avais découpé une collection prodigieuse).

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Grand titre de "une".

On assiste encore d’ailleurs de temps en temps à des retours de ces prurits, suivis de rémissions plus ou moins durables. 

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 En page onzième.

 

C’est sûr, dans les titres du Monde, les modes se suivent et se ressemblent. Le plus drôle, c’est lorsque certains termes volent en escadrilles.

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En page douzième.

Ainsi, dans le numéro daté 25-26 octobre, trouve-t-on un drôle de cumul d’ « embarras » et de « dilemme ». Gloire à « Embarras » ! Gloire à « Dilemme » ! Pour un jour.

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L’air du temps circule sans doute de bureau en bureau, comme une fragrance que les capacités olfactives de plusieurs rédac-chefs repéreraient instantanément comme la plus exquise à humer ? 

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 07 septembre 2015

L'ECTOPLASME HOLLANDE VA CAUSER

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Attention, Monsieur Hollande va parler ! Avoranfix (ci-dessus) ! Que va-t-il dire ? On en sait déjà quelque chose. Comment ? Il y a autour du président des « conseillers » en communication (appelons-les des « fuiteurs professionnels », alias attachés de presse). Pourtant les plumitifs de la presse se précipitent quand même en masse sur tous les strapontins mis à leur disposition pour assister à la « conférence de presse », la seule et unique des nombreuses promesses que le candidat Hollande de 2012 parvient à tenir. Pour blablater, il est toujours prêt. 

Ils savent déjà à peu près ce que le président va dégoiser (intervenir en Syrie contre Daech, mettre en musique l'alignement servile sur la position allemande défendue par "Mama Merkel" à l'égard des migrants, ...), et qui a déjà été soigneusement pré-commenté, ils écouteront le propos présidentiel avec la plus grande attention, ils le décortiqueront à tête reposée, et puis, le soir même, ils l’orneront de commentaires savants destinés à expliquer aux braves gens qui forment la population, ce qu’il faut comprendre des sous-entendus que le président aura placés entre les lignes de son propos. 

Tout le monde fait donc semblant de croire que la conférence de François Hollande ressemble à un événement. Mais au bout du bout, dans le gras de la population spectatrice de ce mauvais spectacle, qui est assez niais, assez demeuré, assez ignorant pour croire un seul mot du ramassis de fadaises produit par cette comédie exécrable ? 

Personne, j’espère. Pendant ce temps, l'Amérique contemple avec placidité la vassale Europe se laisser submerger par les problèmes, bien réels et bien concrets, eux : Grèce, Ukraine, migrants, zone euro, ..., attendant que les marrons soient à point pour les tirer du feu.

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L'ectoplasme aura parlé. Ne pas confondre avec un quelconque oracle.

Voilà ce que je dis, moi.

mardi, 12 mai 2015

FOULE ESCLAVE, DEBOUT !

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Détail de surface vitrée.

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CONCESSION A L'ACTUALITÉ

Le chef de bureau (capitaine de pédalo n'était pas mal non plus) qui nous gouverne adore inscrire dès qu'il le peut son nom au fronton des temples symboliques où se pressent les foules prosternées devant les idoles actuelles pour rendre un culte dévotieux à ces modernes créatures de la propagande forcenée mise en oeuvre par « L'Empire du Bien ». M. François Hollande a donc accompli un « devoir de mémoire », en inaugurant un majestueux monument en souvenir des victimes de la traite négrière.

L'esclavage, ah, mesdames, voilà du bon fromage au lait qui vient du pays de celui qui l'a fait (chanson d'autrefois). Il est sûrement très beau, très majestueux, très grandiose, le mémorial de l'esclavage (Mémorial ACTe, texto), quelque part dans les îles caribéennes. Je veux croire que c'est une simple coïncidence, si un livre de 2002 vient d'être opportunément réédité : L'Esclavage expliqué à ma fille, de Christiane Taubira. La dame a sur la question un point de vue pour le moins sélectif, pour ne pas dire restrictif.

Nous sommes d'accord : l'esclavage est une honte. La preuve, c'est que personne ne se vante aujourd'hui d'avoir des esclaves, quand il en a. Quand on en trouve, par exemple en France (« esclavage domestique »), les gens font profil bas. Ils sont même condamnés par les juges quand on arrive à prouver les faits. 

Sans parler de l'Antiquité grecque et romaine, il y a eu depuis mille cinq cents ans, aux dépens de l'Afrique, trois esclavages successifs. 

1 - L' « esclavage africain » : noirs asservissant d'autres noirs vaincus dans des guerres "tribales". Celui-ci n'a jamais cessé et dure toujours (Niger, Mauritanie, ...). Les témoignages et reportages ne manquent pas.

2 - L' « esclavage islamique » : ce furent les Ottomans qui, à partir du 14ème siècle, allèrent, en direction des pays chrétiens (Europe orientale, Balkans), s'emparer militairement des jeunes garçons pour en faire des "janissaires", des cuisiniers, etc., au service de la "Sublime Porte". Jusqu'à ce que le Sultan d'alors décide de les exterminer pour les empêcher de lui disputer le pouvoir.

Mais les Arabes avaient depuis fort longtemps monté des expéditions guerrières à partir de la péninsule arabique et de l'Egypte à travers le désert pour aller s'approvisionner en humains dans les populations noires. Ils suivaient en particulier la « Piste des quarante jours », qui s'est constamment montrée beaucoup plus meurtrière que n'importe quelle traversée de l'Atlantique par un navire négrier. Cette traite a duré sept siècles (et bien davantage).

Aujourd'hui, ce ne sont plus des noirs, mais des Philippins, des Népalais et autres que les royaumes, émirats ou sultanats font venir pour leur faire subir un traitement qui n'a pas grand-chose à envier à l'esclavage (chantiers au Qatar en vue de la Coupe de 2022).

3 - L' « esclavage atlantique », le plus célèbre, le plus dénoncé, le plus reconnu. Il a été prospère pendant deux siècles. Voir la BD de François Bourgeon Les Passagers du vent (à partir du tome 3). 

Aucune de ces formes ne peut évidemment trouver quelque justification que ce soit. Mais à entendre, sur France Culture la semaine dernière, madame Taubira vociférer, dire sa haine (c'est elle qui prononce le mot), vomir son Niagara d'imprécations contre les sales occidentaux esclavagistes, l'auditeur pourrait croire que l'esclavage, sous sa forme "africaine" ou "islamique", est de la roupie de sansonnet.

Une simple anomalie sans conséquence. Presque pardonnable. Il faut l'avoir entendue réduire au silence tous les participants de l'émission, à commencer par l'animateur. Quand elle est là, c'est elle qui commande. C'est elle qui tient le crachoir. Elle a une revanche à prendre. Elle a quelque chose à venger.

On dirait que seul l'esclavage atlantique constitue un crime contre l'humanité. Madame Taubira est aussi culottée que Nicolas Sarkozy pour tirer la couverture à soi, mais en plus violent. Pour ne prendre de la vérité que ce qu'elle peut mettre au seul service de ses objectifs et de ses intérêts. Impunément. Arrogance et intimidation en sont les procédés. Et cette dame est ministre de la justice de la république française ! Pour faire la leçon à la république française, et non plus parler au nom de la RF. Quelque chose a dû m'échapper. Qui donc l'a autorisée à cracher sur la république qu'elle est censée représenter ? Devinez. 

Ne parlons pas de la "traite africaine" (les noirs n'aiment pas les noirs, voir les conflits entre Nuers et Dinkas, Hutus et Tutsis, etc.). Les différences entre la "traite islamique" et la "traite atlantique" sont de deux ordres :

a) Les Arabes montaient des expéditions militaires pour capturer au loin les hommes et les femmes dont ils avaient besoin. Les Européens se contentaient d'acheter les esclaves à des potentats locaux, en leur laissant le soin de les leur procurer. Les Arabes sont des guerriers, les Européens des commerçants. M'enfin, les rôles sont interchangeables ou complémentaires.

b) Les esclaves emmenés aux Amériques par les Européens le restaient toute leur vie et leurs enfants héritaient du statut, alors que les Arabes affranchissaient les leurs après une vie de bons et loyaux services, même si la discrimination ne cessait pas pour autant. 

Je rappellerai juste à la haineuse madame Taubira que, si l'esclavage a été aboli, ce n'est par personne d'autre que les Européens, disons les Occidentaux. Que, s'il existe des lois qui répriment l'esclavage, on les trouve en France et autres pays "évolués".  Et accessoirement, que ce sont les pays occidentaux qui ont aboli la peine de mort (à de notables exceptions près). C'est l'Occident, après tout, qui a inventé le Progrès (pas ce qu'il a fait de mieux, peut-être).

L'Occident est tout sauf innocent, mais sait parfois corriger ses fautes. Oui, ça arrive. L'abolition de l'esclavage en est peut-être l'exemple le plus flagrant. Vous êtes priée de ne pas l'oublier, madame Taubira : la raison et la république voudraient que vous laissiez là votre discours de haine.

Montrez, dites que vous aimez la France, madame Taubira. Que vous aimez la république que vous êtes supposée incarner. Faites-nous entendre que vous êtes une Française de cœur.

Si vous le pouvez.

Voilà ce que je dis, moi.

 

Note : Le choix du titre de ce billet (un fragment de vers du poème d'Eugène Pottier connu dans sa version musicale sous le titre L'Internationale) ne saurait être fortuit.  

dimanche, 26 avril 2015

PHOTOGRAPHIE

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Dans un musée dijonnais.

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Tout va mieux : le sauvetage de l'école française se poursuit dans la joie et la bonne humeur. La réforme du collège comporte des innovations décisives qui vont, personne n'en doute, améliorer prodigieusement le niveau des élèves (youkaïdi, youkaïda !). Najat Vallaud-Belkacem, fortement appuyée par Manuel Valls, va introduire au niveau du collège des options d'enseignement dans lesquelles les gamins pourront piocher au gré de leurs préférences (au gué, au gué !). C'est ainsi que sur le même présentoir, ils se verront offrir à égalité le latin, le grec et l'improvisation selon Jamel Debbouze. Enfin une décision politique fondamentale. Soyons convaincus qu'il s'agit d'un Progrès déterminant.

Alléluia !

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Dans le même temps, l'inépuisable ingéniosité lexicale des inventeurs de pédagogie s'en donne à cœur joie. On savait qu'en éducation physique, il ne fallait plus dire « ballon », mot vulgaire, devenu ringard et dépassé, mais « référentiel bondissant ». Dans ce domaine, l'innovation fait rage. En technologie, les cycles scolaires délivrent un enseignement « de manière spiralaire et curriculaire ». De même, les élèves ne devront plus « nager », mais « traverser l'eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête ». Mais surtout pas dans une piscine, mais dans un « milieu aquatique profond standardisé ». Bravo : « piscine », ça fait antédiluvien, tout le monde est d'accord. Tout ce langage limpide émane du Conseil supérieur des programmes. 

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On ne peut pas dire que les fonctionnaires du ministère de l'Education nationale sont payés à rien foutre, où ceux qui partent en avance croisent ceux qui arrivent en retard. Ils travaillent même d'arrache-pied. 

Vous savez quoi ? 

L'école française est sauvée.

mardi, 10 mars 2015

A BAS LES STEREOTYPES !

Il est urgent d’en finir avec les stéréotypes.

 

Les journaux dénoncent à longueur de pages cette ignoble verrue qui transforme le nez si typique de la République en ignoble appendice tuberculeux, avec laquelle on proclame en très haut lieu (François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem et consort) que l'on va s'empresser d'en finir par les moyens les plus expéditifs. Il était temps.

 

On apprend, à la veille de Noël dernier (Le Monde daté 19 décembre 2014), que « la délégation aux droits des femmes du Sénat dénonce les jouets stéréotypés ». Et tout le monde (enfin presque) est d’accord pour appeler à la libération de l’infernal carcan qui enserre l’existence des femmes, des hommes et des animaux (« Les animaux sont des êtres humains comme les autres », disait la déjà défunte Brigitte Bardot) dans les hideux « stéréotypes sexués ». Plus personne (enfin presque) ne veut s’entendre rebattre les oreilles avec des petits garçons qui seraient faits pour les petites voitures et des petites filles pour les petites poupées.

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Le Monde, 19 décembre 2014.

Elles ont raison : il faut dénoncer.

On ne dénonce jamais assez : c'est un principe.

 

Il faut en finir une fois pour toutes – pour en finir une fois pour toutes avec la « domination masculine » (Pierre Bourdieu) – avec les stéréotypes de « genre », si possible dès la Maternelle, en inculquant dans les jeunes cerveaux le principe sacro-saint de l’égalité entre les garçons et les filles, par exemple au moyen d’un ABCD qui les prédisposera à admettre que les premiers ne sont pas supérieurs aux secondes (ce dont personne ne doute), et convaincra les secondes de ne pas se laisser faire (ce qui s'observe depuis quelques siècles). Grâce à Dieu, à la statistique et à la sociologie progressiste, la société remédie heureusement à cette maladie.

 

À la limite, ils pourront choisir leur sexe tout à fait librement, une fois arrivés à maturité (c'est bien connu : un destin cruel pesait jusqu'à présent sur les individus en les assignant à un rôle sexuel fondé sur la seule présence arbitraire entre leurs cuisses, à leur naissance, d'un petit cylindre de chair flasque ou d'une fente ouverte sur on ne sait quelles profondeurs obscures).

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Don Quichotte, au secours !

Il y a encore des moulins à vent à combattre !

Ah bon ? On vous fait bouffer de la musique contemporaine au-delà du raisonnable pour vous faire entrer dans le crâne que l’extrême dissonance et les intervalles les plus inouïs constituent le fin du fin de la cuisine musicale qui se concocte dans les laboratoires de la modernité (ils appellent ça, sans doute, la « mélodie » d’avant-garde, voir ici même du 24 février au 4 mars) ?

 

Eh bien de la même façon, on vous gavera, à longueur de médias, à profondeur de journée, à hauteur d'homme et à épaisseur d'esprit, de l’idée que la France se doit d’instaurer la parité intégrale des hommes et des femmes, dût-on pour y parvenir triturer en tout sens la carte électorale et révolutionner le mode de scrutin : si la société tarde ou résiste, le coup de force légal (juste un nouveau règlement administratif) y pourvoira. L'abolition des stéréotypes, tout comme celle des privilèges, un certain 4 août 1789, « sera le genre humain » : elle est d'ores et déjà sur la bonne voie. Même si, y compris parmi les abolitionnistes, semblent se manifester quelques résistances.

 

Rien de mieux en effet, pour se convaincre qu'il subsiste des obstacles à la disparition des stéréotypes sexués, que d’assister, le 8 mars (avant-hier), à la manifestation qui a eu lieu place Bellecour à Lyon, pour célébrer la journée internationale du droit des femmes, et qui prétendait illustrer brillamment, spectaculairement et fastueusement la fin des stéréotypes, comme on le constate ci-dessous.

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(Le Progrès, 9 mars 2015) 

 

C'est-y pas mignon ! Elles adhèrent toutes au PS ? Ou bien à la Manif pour tous ? Faudrait savoir.

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D'un côté, les femmes en rose !

 

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De l'autre, les hommes en bleu !

 

DRAGEES ROSES.jpgLes fabricants de dragées de baptême ont encore deDRAGEES BLEUES.jpg beaux jours devant eux ! C'est à la Manif pour tous qu'on doit bien rigoler !

 

 

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 30 mai 2014

ENFONCER LE CLOU

Le Front National est donc un Grand Diable qui effraie les bonnes gens. Et nous sommes bien d'accord : ce parti composé de jean-foutres incompétents et de gens possiblement dangereux dans des proportions que je ne connais pas (d'autant que certains cumulent : aucune loi n'interdit à un incompétent d'être en même temps dangereux), je ne souhaite à personne qu'il arrive un jour au pouvoir.

Il faut donc partir en guerre contre le Front National, c'est entendu, toutes les belles âmes nobles sont d'accord. La grandiloquence est de saison. Ce ne sont, dans tous les médias, qu'éditoriaux lyriques dressés comme des étendards et chroniques politiques analysant gravement le phénomène (Gérard Courtois, dernièrement, dans Le Monde). Jusqu'à des chanteurs (Biolay, Noah, ...) qui n'hésitent pas à engager leur popularité dans la lutte. Je n'hésite pas à applaudir. Quel cran ! Quel courage ! Si possible sous l'œil des caméras, parce qu'il ne faut rien perdre.

Je ne doute pas a priori de la sincérité de ce chœur quasi-unanime autour d'une cause présentée comme sacrée. Laissons-leur le bénéfice de la bonne foi. Mais je crois que ce chœur des pleureuses ressemble d'assez près à un  chœur de chèvres, et qu'il ne tombe que des petites boules noires et sphériques de leur bouche de derrière.

Tous ces gens bien intentionnés, en dressant un beau pilori pour y clouer ce parti d'extrême droite (est-ce bien sérieux ? Les gens ont-ils oublié ce que c'est, un vrai facho ?), évitent soigneusement de regarder en face le cœur du problème, comme s'ils voulaient vider à la petite cuillère la marée montante - dans on ne sait quel récipient virtuel.

Certains parlent de « cordon sanitaire », d'autres de « front républicain ». Ah les braves gens ! Ah oui, combattons le Front National. Par malheur, ils commettent l'erreur de confondre les moulins à vent avec des géants. Ils font comme les Dupondt dans Tintin au pays de l'or noir, ils prennent un mirage pour une réalité. Plus grave : plus ils crient au loup, plus ils lui donnent de la consistance, au mirage. Et plus celui-ci prend le chemin de devenir une réalité, sur laquelle les Dupondt s'écraseront le nez.

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Plus nos hommes politiques sont minables, plus Marine Le Pen devient quelqu'un. Car tous ces braves gens se trompent de cible, et leurs hurlements agissent comme un rideau de fumée : ils dissimulent la vérité sans modifier les choses en quoi que ce soit. Tous ces braves gens croient-ils sincèrement qu'un phénomène comme l'émergence du FN est dépourvu de causes ? En s'en prenant au FN, on s'attaque (on fait semblant ?) à l'effet, en prenant bien soin de laisser les causes parfaitement intactes et à l'abri de la vindicte populaire qui, pas dupe, ne trouve dès lors que cette issue pour s'exprimer.

Ces causes, moi qui ne suis pas politologue (il n'y a pas de sot métier, mais il y a des professions vraiment débiles !), j'en vois quelques-unes, mais la principale, je crois qu'elle crève les yeux. Au risque de me répéter, je ne la crois pas située ailleurs que dans l'infinie médiocrité, la bassesse intrinsèque des hommes politiques qui nous gouvernent ou qui prétendent le faire bientôt. Si le succès du FN comporte un enseignement, je le formulerai ainsi :

AU ROYAUME DES LILLIPUTIENS, LES NAINS SONT ROIS.

Je laisse deviner qui compose la troupe des Lilliputiens et qui est le nain (en l'occurrence, la F Naine). La caractéristique principale de toute cette population de soi-disant responsables est une impuissance générale à modeler le réel pour le bien de tous. Or le façonnage de la réalité humaine, collective, cela porte un nom : cela s'appelle la POLITIQUE. La France, pour ce qui est des idées politiques, est confrontée à un vide sidéral. C'est d'ailleurs une des raisons qui font le succès du FN : c'est juste que le contraste est saisissant, et que, du coup, il a l'air d'en avoir, des idées (mais s'il y avait une « pensée Front National », ça se saurait).

Les hommes politiques qui président aux destinées des deux grands « partis de gouvernement » ont soigneusement cadenassé un système dont ils ne sont que la partie émergée, et veillent comme des Cerbère à ce que nul talent véritable, cultivé dans un autre pot que celui dont ils sortent, n'acquière assez d'ampleur pour devenir un rival potentiel. Ce sont des arbres rabougris, poussés sur des terres pauvres en substances nutritives, qui craignent qu'un jour la vaste ramure d'un majestueux chêne pédonculé se dresse au-dessus d'eux pour leur faire de l'ombre.

Ces hommes ont mis la classe politique en coupe réglée. Des gens comme Dupont-Aignan ou Larrouturou, qui proposent des solutions originales (qui valent ce qu'elles valent, je n'en sais rien), n'ont aucune chance, sur ce terrain méticuleusement quadrillé, d'arriver à des responsabilités tant soit peu notables. Aucune chance de « jouer leur partition », faute d'avoir fait allégeance à qui de droit.

Hollande, Sarkozy et consort, en achetant les allégeances avec les talents, siphonnent l'eau du vivier politique français, et assèchent avec acharnement toute source qui risquerait de lui redonner vie. Avec le règne sans partage du PS et de l'UMP sur la vie politique française, l'émergence du Front National est la preuve qu'il n'y a plus de vie politique en France.

Et le FN peut impunément s'amuser à récupérer quelques slogans qui font la base de bon sens d'une démocratie bien conduite, que l' « UMPS », réfugié lâchement au fond de ses cuisines à touiller ses petites tambouilles, leur a abandonnés.

Dans ces conditions, il faut être singulièrement gonflé pour ériger, comme Manuel Valls l'a fait dernièrement, le Front National en menace pour la France. Si des hommes politiques dignes de ce nom existaient dans notre pays, le Front National resterait la petite crotte nauséabonde qu'il était à son origine.

Et je me rendrais au bureau de vote avec - enfin -  la certitude de servir à quelque chose (n'exagérons rien, un quarante et quelques millionième de voix), comme les 58 autres % qui ont boycotté les dernières élections, qu'ils aient agi par paresse, indifférence ou conviction.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : Le lecteur de ce billet aura remarqué, et son goût peut-être été heurté par le caractère abondant et désordonné que j'y fais de la métaphore. Je le prie d'excuser ce moment de faiblesse. 

 

mardi, 27 mai 2014

GROSSE COLERE EUROPEENNE

On marche sur la tête. On le savait déjà, mais les élections européennes (je parle de la France) nous font franchir une ligne rouge. C'est facile à trouver, vous ne pouvez pas vous tromper : c'est juste avant d’entrer dans la camisole de force. La douche infirmière et les électrochocs médicaux n’y feront rien. Déjà et d’une, pourquoi faire voter par régions regroupées (sept grandes régions) ? Pourquoi pas un seul scrutin national, pour mettre un peu de simplicité dans l’embrouillamini inextricable qu’est l’Europe à vingt-huit ?

 

Réponse : j’imagine que s’il y avait seulement des listes nationales en France, listes avec soixante-quatorze noms, ça foutrait la merde dans les deux « partis de gouvernement », qui ne sauraient plus que faire de leurs barons. Ce serait une telle bousculade, une telle empoignade, une telle guerre intestine, bref, un tel caca au PS et à l'UMP pour savoir qui passerait devant qui, qu’ils se sont mis d'accord pour préférer, pour réduire les risques de répandre leur précieux sang, ouvrir sept têtes de liste pour placer chacun sept barons avides d'honneurs. Même si l’on apprend plus tard que ceux-ci n’ont jamais mis les pieds à Bruxelles et à Strasbourg, comme c’est probable, au moins, ça diminue les tensions internes. Ouf !

 

Ensuite et de deux, j’ai eu toutes les peines du monde à trouver dans les journaux du lundi autre chose que les pourcentages nationaux, régionaux ou départementaux fournis par le Ministère de l’Intérieur. Pour avoir les chiffres, il faut vraiment chercher (inscrits, votants, exprimés, enfin tout, quoi). 

 

Or si tout le monde s’accorde sur l’importance de l’abstention (je m’enorgueillis de n’avoir pas voté, moi, même que c'est sûrement à cause de mon pauvre quarante millionième de voix que le FN est arrivé en tête), je m’étonne que tout le monde, dans une belle unanimité, enfourche ces canassons (« qu'a na sont pas frais », dit Boby Lapointe dans Saucisson de cheval n° 2), sans se donner le mal de refaire les calculs.

 

Car ces pourcentages sont calculés sur le nombre des suffrages exprimés. Dit autrement : comment jouer à se faire peur et à foutre la trouille aux braves gens ? Rendez-vous compte, un quart des Français prêts à lever le bras droit bien raide en l’honneur de je ne sais quel Führer ! Quinze millions de fascistes ! Au secours ! Et Copé le comique, Copé le désespéré qui y va de son analyse : selon lui, c'est l'expression d'une « immense colère » contre François Hollande ! Ah c'est sûr, il a tout compris, Copé. Ou alors il fait semblant de faire le bourrin.

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LIBÉ ADORE DONNER DANS LE DRAMATIQUE.

C'EST QUE LIBÉ CHÉRIT QUELQUES ÉPOUVANTAILS.

C’est une imposture manifeste (« Une posture magnifique ! », répliquait Ubu à Achras, c’est dans Ubu cocu ou l’Archéoptéryx). Aucun des Valls-Cambadélis-Copé-Fillon n’ayant bien sûr l’intention de se poser des questions sur les vraies causes du phénomène, ils se sont tous mis d'accord pour pousser les hauts cris. Et pour faire semblant de chier dans leur froc. 

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VOUS FAITES ERREUR, M. LEMONDE : LE PAYSAGE POLITIQUE FRANÇAIS EST DÉVASTÉ DEPUIS LONGTEMPS.

CHANGEZ DE LUNETTES.

Alors que le Front National devrait à tous faire moins peur que l’abstention. Mais il est révélateur de constater que, manifestement, toutes les bouches autorisées considèrent l’abstention comme une non-expression. Les abstentionnistes n’existent pas, ainsi en ont décidé les bouches autorisées. Et si l'on se contente de déplorer l'abstention galopante, c'est parce qu'on a une confiance aveugle dans la démocratie représentative : seuls ceux qui font l'effort de mettre leur bulletin méritent d'exister politiquement. Autrement dit la démocratie par délégation. Dans ce système, on me demande juste de renoncer à ma liberté pour la confier à quelqu'un dont j'ignore toutes les qualités, tous les défauts et quel usage il en fera, de ma liberté !

 

L'abstention, seuls quelques journalistes étourdis en parlent comme du « parti majoritaire », mais surtout sans en tirer les conclusions. Si, à la rigueur, on entend parler de perte de confiance, mais ça ne va pas plus loin. Je vais exiger que l'abstention soit décomptée parmi les suffrages exprimés, tiens. Voilà une idée qu'elle bonne !

 

Alors prenons le nombre des « inscrits », pas celui des « exprimés ». Cela donne quoi ? Au plan national, très difficile de savoir. Je suis allé voir les chiffres sur le site du ministère : au moment où j’écris, pas de résultats nationaux ! Voyons donc la grande région « Sud-Est ». Inscrits : 7.981.771. Exprimés : 3.318.163 (bulletins blancs désormais compris, environ 2 %). Ce qui fait à peu près 58 % d'abstention. 60 % avec les blancs. Mais non, ce n'est pas le moment de se poser des questions, on vous dit !

 

La conclusion logique ? Les hommes politiques n'ont pas besoin de l'esprit civique. Ils ont seulement besoin de quelques gogos qui se disent qu'il « faut aller voter ». A quel taux de gogos la machine électorale s'arrêtera-t-elle de fonctionner ? 15 % de votants ? 10 % ? Qui dit mieux ? 

 

Et puis je refais les calculs : si l’on passe des exprimés aux inscrits, Le Pen tombe de 28,18 % à 11,71 %. Ça relativise, non ? Et on comprend pourquoi Valls en reste aux exprimés : le Parti « socialiste » s’effondre de 11,87 % à 4,93 %. Ah ça, je dois dire que ça fait du bien ! Il faut le savoir, dans le grand Sud-Est, le PS attire moins de 5 % des Français en âge de voter. Il faudrait claironner le résultat de ce sondage grandeur nature. Je précise que j'ai pris les chiffres provisoires sur le site du ministère.

 

L’arnaque est donc à plusieurs étages. Passons sur l’absurde complexité qui empile, sur le site ministériel, au sujet de l'Europe, le département, la région, la « grande région » et passe sous silence la dimension nationale, pour nous intéresser à l’arnaque médiatique. Tout le monde se rend bien compte que les deux grandes structures « politiques » (?) du PS et de l’UMP sont absolument cramées à cœur et que, en dehors du Front National, la France est donc un désert politique. Rappelons quand même que le succès actuel du FN a été patiemment préparé, mitonné, élaboré dans les cuisines du PS et de l'UMP.

 

Le FN, franchement, je n’aimerais pas le voir aux manettes. Entre les jean-foutres et les dangereux, on voit bien qui prendrait l’ascendant. C’est à cela qu’on mesure l’état totalement misérable dans lequel est le personnel politique français. Toute la classe politique est paralysée, passant l’essentiel de son énergie, de son temps et de notre argent à « communiquer », à s’observer, à calculer, à élaborer des tactiques, tout en s’efforçant de neutraliser l’adversaire dès que celui-ci prend l'initiative ahurissante de lever un sourcil. Pendant ce temps, les députés allemands élus au Parlement européen travaillent.

 

Et quand le Président commence à manquer d'air ou de daphnies au fond de son bocal, il convoque les caméras et prend son chapeau de prestidigitateur pour en sortir le lapin de la suppression des départements, histoire de donner l’impression qu’il se passe quelque chose. C'est sûr, Hollande ne manque pas d'air. Etonnez-vous que le FN donne aux gens l’impression qu’il existe. Les hommes politiques français, en réalité et en profondeur, sont désespérés, pétrifiés d’impuissance. Il ne savent plus quoi inventer pour exister dans les médias.

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Tout cela est pitoyable, lamentable, affligeant, consternant, navrant, minable, désastreux, funeste, .... La Classe morte est une inoubliable pièce de théâtre de Tadeusz Kantor. Quel grand dramaturge nous écrira La Classe politique morte ? La France n'a pas de problème plus grave et urgent à résoudre. La classe politique française est morte, droite comme gauche. Et on a égaré le luth constellé (« Ma seule étoile est morte et mon luth constellé Porte le soleil noir de la mélancolie »). 

 

Et je mets dans le même sac tous les journalistes politiques qui font semblant de prendre des mots pour des actions et des ectoplasmes pour des hommes politiques. Qui alimentent en carburant la machine à ne rien faire. Qui braquent la niaiserie de leur loupe sur les buts de l'un, les intentions de l'autre (« Serez-vous candidat ... ? »), les ambitions du troisième, les hypothèses du quatrième, les « propositions » du cinquième (car il faut être positif et ne pas se contenter de récriminer, donc on se présente comme une « force de proposition »), .... etc.

 

Les journalistes sont armés de microscopes : c'est excellent pour gonfler les petitesses des clowns avides de pouvoir. Leur pouvoir de grossissement finirait presque par nous faire prendre une poussière pour une planète. Et les hommes politiques sont trop heureux de se faire ainsi gonfler le jabot.

 

Quand absolument tout est à réformer en même temps, on ne réforme rien. On se gargarise de mots. Paralysés, on est. Et puis un jour, ça pète. Je ne souhaite pas. Hollande-Valls-Copé-Sarkozy aura-t-il le courage de se faire greffer les gènes de la vraie intelligence et du vrai courage politiques ? OGM acceptés. J'aimerais bien. Mais j'en doute.

 

Je ne sais quel homme politique allemand déclarait, il y a quelques jours, parlant de l’Europe : « Es macht mich kotzen ! ». Eh bien moi aussi, tout ça me fait vomir.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

vendredi, 09 mai 2014

FRANCOIS HOLLANDE INVENTEUR

Il était une fois ...

Un jour, dans l'histoire humaine, un homme a inventé le fil à couper le beurre. Un autre jour ce fut l'eau tiède. Encore un peu de temps passa, et puis ce fut la poudre qui, comme le dit Georges Brassens, n'est d'aucune utilité dans les choses de l'amour (« Mais pour l'amour on ne demande pas Aux filles d'avoir inventé la pou-ou-dre »). Et puis un jour naquit François Hollande, l'inventeur bien connu. Et l'univers entier entonna une antienne venue du plus profond des âges : « Halleluïa ! Gloria ! ». La ferveur était générale, l'humanité se jeta à genoux pour chanter : « Il est né le divin enfant ! ». « Enfin ! » fut le cri unanime.

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En lisant ces mots, le lecteur encore sceptique se tapote le menton en posant la question : « Qu'a donc bien pu inventer ce dindon ? ». Eh bien il est temps de lever le voile. Monsieur François Hollande a inventé

LA FUMÉE SANS FEU.

Eh oui, monsieur François Hollande est passé maître dans l'art de produire de la fumée hors de toute production d'incandescence. En quelque sorte, il vapote. Il est passé maître dans l'art de produire des mots enfin détachés de toutes les pesantes réalités. C'est un artiste virtuose. Son art consiste à faire de la fumée sans feu.

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BEL EXEMPLAIRE D'ENARQUE ISSU DE LA PROMOTION VOLTAIRE

 

Voilà ce que je dis, moi.

mardi, 18 mars 2014

POLITIQUES EN DECOMPOSITION

LA CLASSE POLITIQUE FRANÇAISE EN ETAT DE DECOMPOSITION AVANCEE

 

 

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VUE PLONGEANTE, PRISE SUR LE VIF, SUR LA CLASSE POLITIQUE FRANÇAISE

 

Je sais que je ne suis pas le seul à penser ce que j’écrivais hier sur l’invraisemblable médiocrité crasse de tout le personnel que les Français ont la veulerie d’accepter pour les gouverner. Le plus étonnant dans l’affaire, c’est que, dans la presque totalité des cas, il s’agit d’une masse de « premiers de la classe », c’est-à-dire de gens supposés très intelligents, loin au-dessus de la moyenne.

 

Paradoxe : comment ces brillants sujets passés par les plus grandes écoles peuvent-ils sans en éprouver la moindre honte se comporter aussi minablement ? Mystère. Ou plutôt non : s’ils brillent, c’est exclusivement pour leur propre compte. Quelqu’un peut-il me citer un seul de ces sinistres individus qui soit capable de penser à autre chose qu’à lui-même, à sa longue carrière, à son cumul des mandats ? De toute façon, s’il y en avait un seul, les requins de la chose auraient tôt fait de s’entendre pour l’éliminer.

 

Ceux qui font exception à la loi de « premier de la classe » (du genre de Rachida Dati ou Nicolas Sarkozy, je prends au hasard) sont dotés de canines d’une taille exceptionnelle, montées sur des mâchoires d’une puissance exceptionnelle et, à force de frapper aux grandes portes quand ils sont jeunes et de servir de paillasson ou de poupée gonflable aux puissants du moment, ces carnassiers se font peu à peu une place au milieu des autres fauves. En passant, ils collectionnent les fiches d’informations glanées à droite et à gauche, déposées dans des coffres très sûrs pour le jour où leur tour sera venu.

 

Je disais que je ne suis pas le seul à penser ça. Des gens très bien (beaucoup mieux placés que moi pour observer les choses et les gens), du haut de l’autorité qu’ils ont acquise dans des travaux intelligents et opiniâtres, font le même diagnostic, avec des arguments autrement peaufinés que les miens.

 

Prenez Yves Michaud. Il est philosophe. J’avais lu son Chirac dans le texte (2004), sous-titré « la parole et l’impuissance ». Même si son livre n'a servi à rien, il tapait très juste et très fort sur l’imposture de ce prestidigitateur qui recrutait ses affidés à coups de billets de banque et qui montra à son successeur qu’on peut faire subir à la vérité des mots les pires tortures et que plus un mensonge est énorme, plus il a de chances de passer comme une lettre à la poste. Cela n'a pas empêché les Français de lui donner en 2002, avec 82 % des voix, une victoire « démocratique » digne de tyrans aussi reconnus que Brejnev, Ben Ali, Moubarak ou Kadhafi. Cela en dit long sur l'état moral et intellectuel d'une population hypnotisée et anesthésiée par une propagande, pour le coup, aussi carrément « décomplexée » que massive.

 

Là c’est juste un article de journal qu’Yves Michaud propose aux lecteurs du Monde. Le titre me semble hautement recommandable : « Le trafic d’influence est devenu l’instrument du pouvoir contemporain ». Il figure dans un dossier intéressant (une vraie double page !), si l’on excepte le « Notre parti doit repenser son éthique », fastidieuse langue de bois récitée par les plumes de trois secrétaires nationaux de l’UMP. Normal : pour défendre la boutique, les épiciers montent au créneau, du moins si ça ne mange pas de pain et à condition qu'il n'y ait pas trop de risques.

 

Heureusement, lui faisant face, « Un délitement de l’UMP » de Florence Haegel a relativisé par avance la minable portée des stéréotypes minablement exposés par le trio grotesque. Deux autres articles tiennent compagnie à celui d’Yves Michaud : « Du scandale comme arme politique » d’Alain Garrigou, et « La pathologie du secret » d’Eric Alt (pour l’association Anticor). Mais je passe sur les comparses (intéressants tout de même, ce qui fait quatre sur cinq) pour m’intéresser au protagoniste.

 

Yves Michaud élargit le champ en même temps que la profondeur de champ de sa réflexion, en ne se limitant pas à un seul individu, ni à l’analyse d’un seul discours. Il dénonce un système. Or, quand quelque chose « fait système », c’est que ce quelque chose est le principe premier, le noyau autour duquel s’organise un univers (cf. Le Système technicien de Jacques Ellul).

 

Le premier paragraphe annonce la couleur, en faisant apparaître les noms bien connus de Sarkozy, Buisson, Copé, Tapie, Guéant, puis encore Copé et Sarkozy, puis Cahuzac, Guérini, Kucheida, DSK. Avec des points de suspension en fin de liste, pour que personne ne puisse imaginer qu’elle puisse être close. Sans doute.

 

Que dénonce Yves Michaud ? Eh bien rien de nouveau, rien que du bien connu. Un peu le « mélange des genres », mais c’est l’époque qui veut ça (vous savez, le « genre ») : quand un directeur de journal mange régulièrement à la même table qu’un capitaine d’industrie et qu’un député (ou qu’un président de la Chambre), surtout s’il s’y ajoute deux ou trois hauts fonctionnaires, cela confine au jeu du « chamboule tout » : on pratique à tout va le jeu du réseau d’influence et de la solidarité mutuelle. On abat les frontières entre les fonctions en se rendant de petits services et de grandes amabilités. Rien ne peut arriver : on est entre mafias. La connivence règne.

 

Car la clé d’inspiration de l’article me semble être la phrase : « Résultat : il est difficile de tracer une frontière entre trafic d’influence, accomplissement de promesses électorales catégorielles [mariage homosexuel ?], renvois d’ascenseurs et lobbying ». Le mot « corruption » est beaucoup trop banalisé aujourd’hui, et c’est sans doute parce que le phénomène s’est lui-même banalisé et généralisé. L’expression « trafic d’influence », quoique moins chatoyante, est en même temps plus précise, bien que signifiant strictement une tout aussi grande turpitude.

 

Le diagnostic global d’Yves Michaud est impitoyable et se résume dans cette phrase : « La démocratie est l’apparence, l’oligarchie l’effectivité ». Va pour « effectivité ». Il dénonce l’action des « intermédiaires », des « conseillers de l’ombre », des « amis qui servent de prête-noms », et même des avocats, le drôle ! Avocats dont il dit que « la profession est loin d’être aussi blanche qu’elle le prétend en brandissant ses droits à la confidentialité ». Certaines choses font du bien quand on les entend (façon de parler).

 

Quelqu’un qui se drape dans sa dignité offensée et son honneur humilié quand il est attaqué me semble désormais suspect du seul fait qu’il se drape. C’est dire la déconfiture des points de repère et de la possibilité d’accorder sa confiance. Celui qui se drape, il attend qu'on lui envoie les preuves, qui sont plus facile à évoquer qu'à trouver.

 

Ce qu’Yves Michaud pointe, c’est les soupçons mais aussi le désarroi des juges chargés de ce genre d’affaire. On les comprend : il est tellement difficile d’établir la preuve des faits que l’on comprendrait qu’ils finissent par se décourager : « subtilité des montages », « omerta », « ingéniosité procédurière des avocats » se tiennent les coudes quand les puissants ont la maladresse ou la malchance de se voir mis en cause.

 

Bon, je vais m’arrêter là. Le reste est à lire dans Le Monde daté du 14 mars. Impérativement. C’est la confirmation d’un diagnostic de grosse vérole posé par quelqu’un qui, à ce que je sache, n’est pas partie prenante dans les « affaires ». L'expression « TOUS POURRIS » n'a jamais été autant d'actualité, quoi qu'en pense la cohorte de tous ceux qui ne veulent pas « pratiquer d'amalgame » et « ne pas mettre tout le monde dans le même sac », pour « ne surtout pas faire le jeu du Front National ». Désolé, quand quelque chose « fait système » et que ce quelque chose est dans un tel état de décomposition, je dis que les carottes sont cuites et que c'est tout le système qui est à jeter à la poubelle.

 

Si tout ça n'est pas répugnant, c'est que c'est abject. Ou fétide. ou immonde. J'accepte même infâme.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

lundi, 17 mars 2014

POLITIQUES EN DECOMPOSITION

Préambule : Non, la France n'est pas en déclin. La preuve ? Elle revient des Jeux Paralympiques de Sotchi avec un nombre respectable de médailles. Conclusion, la France possède les handicapés et les infirmes parmi les plus forts du monde. Moralité : qui critiquera les performances dont est capable notre « cher et vieux pays » ? Qu'on se le dise : le handicapé porte l'avenir radieux de la France. Vive la France infirme ! Françaises, Français, en avant !

 

****

 

LA CLASSE POLITIQUE FRANÇAISE EN ETAT DE DECOMPOSITION AVANCEE

 

Il y a longtemps qu’il n’y a plus de vie proprement politique en France. On le savait déjà, et je n’apprends rien à personne. Monsieur BHL, alias le trois fois entarté, alias monsieur Bernard-Henri, alias monsieur chemises amidonnées, alias monsieur Arielle Dombasle, avait commis, voilà des temps, un petit ouvrage intitulé Ce Grand cadavre à la renverse. Consacré à l’agonie du socialisme au sein même du Parti « Socialiste » (je pouffe).

 

Il avait raison, le philosophe garanti 100 % beurre de TF1. Mais il aurait pu – donc dû – étendre son analyse à l’ensemble du champ politique national. Car j’espère que tout le monde conviendra que l’état de liquéfaction des idées et des hommes politiques de notre pays a atteint aujourd’hui un degré que je me demande s’il peut encore aller « plus vite, plus haut, plus fort » (« citius, altius, fortius », vous savez, la formule de la formidable imposture olympique).

 

Je me fous des querelles de personnes (Valls-Taubira, Copé-Fillon, on n’a aucun mal à en dénicher). Je me fous des statuts de l’UMP lancés à grand bruit pour annoncer que tout le monde se rassemble en bon ordre derrière le parti, le chef, le drapeau. Cette sinistre comédie ne trompe plus personne depuis longtemps.

 

Je me fous de TOUT ce que dit un homme ou une femme politique (j’ai failli écrire « poilitique ») quand il est invité sur un plateau, au motif que, quelle que soit la question, il récitera sa « doxa », bien cornaqué qu’il aura été en amont par ses conseillers en communication (Stéphane Fouks, le copain d’Alain Bauer et de Manuel Valls, et consort). Je me fous de leurs ambitions, de leur appétit de pouvoir, de leur obsession de la conquête des « places » (Michelet, en 1848, en parlait déjà de façon éclairante, fût-ce pour lui-même au Collège de France).

 

Mais j’hallucine carrément quand je constate leur aveuglement sur l’état de la barque que tous veulent conduire. Je radote sûrement, mais leur manière à tous de pousser Marine Le Pen aux avant-postes au moyen d’imprécations fabriquées contre l’ennemi (PS si on est UMP et inversement, comme si ces deux compères n’étaient pas de vulgaires complices qui se disputent simplement la taille des parts du gâteau, dispute camouflée sous les « éléments de langage » tout faits, prêts à l’emploi et stéréotypés, concoctés dans des officines de « com. »), de vaticinations élucubrées sur la base de ce qu’ils croient savoir des « attentes des Françaises et des Français », me semble le plus sûr moyen de rebuter ce qu’il reste de bon sens à la majorité de la population. Cela fait longtemps qu'il n'y a plus de lutte politique entre le PS et l'UMP.

 

Les luttes pour le pouvoir qui font rage à « droite » et à « gauche », qu’on considère volontiers comme des querelles de personnes, ne veulent donc dire qu’une chose : plus personne, sauf quelques rares exceptions (Juppé ? Je dis ça, mais ...), ne prétend gouverner parce qu’il a le « sens de l’Etat », mais parce qu’il a de l’appétit pour une « place », qui lui donnera autorité institutionnelle, rayonnement de prestige et rentabilité matérielle (Chirac n’a jamais payé de loyer, il a occupé les palais de la République - Mairie de Paris (1977-1995), Elysée (1995-2005) - comme un rat fait dans un fromage).

 

Accessoirement, il n’y a pas à tortiller du derrière pour espérer échapper à ça : ça signifie qu’il n’y a plus de nation française. J’admire quant à moi quelques individus qui sont (ou plutôt : « ont été », hélas) capables de regarder au-dessus d’eux-mêmes. Aujourd’hui où chacun est de plus en plus réduit à lui-même, j’attends qu’on me dise qui est désireux de s’élever au-dessus de sa petite personne.

 

Que montrent les politiques au pouvoir ou qui attendent d’y parvenir ? Des qualités de tacticiens tout au plus. Or c’est bien connu dans le domaine des échecs : le pur tacticien se fait piler à plate couture. Ce dont est capable le grand joueur, c’est une vision stratégique. Ce que requiert la tactique, c’est juste de l’habileté manœuvrière, peut-être de l’imagination, disons une certaine forme d’intelligence, je veux bien. Ce qui manquera toujours à la tactique pure, c’est la vision stratégique. Et pour ça, il faut s’être élevé au-dessus de sa petite personne. Là est le problème.

 

Ce n’est pas un hasard si cette sous-littérature qu’on ennoblit pompeusement en l’appelant « autofiction » est devenue en France le nec plus ultra de ce qui s’appela autrefois « littérature ».

 

Pourtant c’est facile de ne pas confondre. Dites-moi que ce n’est pas une preuve de déclin ?

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

mercredi, 05 février 2014

HOLLANDE PIRE QUE SARKOZY ?

François Hollande, impuissant face à ses ennemis (enfin, c'est ce qu’il disait à propos, par exemple, de la « finance internationale », ricanons un peu), se résigne à agir sur des réalités qui ne sont pas hors de son bon vouloir : les lois. Puisqu’on ne peut changer les choses, par exemple cette absurdité logique et mathématique de « l'inversion de la courbe du chômage », raisonne-t-il, on va s'en prendre au vocabulaire : changeons les mots, changeons le sens des mots, réécrivons le dictionnaire où se trouvaient rassemblées les définitions de la société et du sens de la vie en commun.

 

En s’attaquant à ça, il a mis le feu. Et ça l'étonne ! Enfin non : il fait semblant d'être choqué. Il est vrai qu’avec ses débats sur « l’identité française », Sarkozy avait mis en place quelques éléments du brasier. Cela a en effet donné le mariage des homosexuels et l’interdiction du spectacle de Dieudonné. Que la droite de la droite ait profité de l’aubaine pour s’engouffrer dans cette brèche, rien de plus explicable. Mais il ne faut pas oublier qu’ils ne sont pas les seuls. Et qu'il y a des gens normaux qui pensent depuis le début beaucoup de mal du mariage homo (sans être homophobes) et de la censure de Dieudonné (sans être antisémites).

 

Il est vrai que s’il fallait que je me situe politiquement, je serais très embarrassé. Que voulez-vous, dans notre « démocratie par procuration », où l’on demande aux populations d’abdiquer leur volonté entre les mains de « représentants », eux-mêmes pris dans les filets de systèmes ou d’entreprises de pouvoir (des « partis politiques », qui ne sont plus rien d'autre que des machines à arriver au pouvoir) qui détiennent les clés qui ouvrent ou ferment les portes donnant sur les instances de décision, j’ai beau regarder à droite et à gauche, je ne vois personne qui défende une idée plus haute que la somme des officines en présence.

 

Ils baragouinent au sujet « des Françaises et des Français », mais aucun pour parler un peu noblement de « La France ». Ce qu’on appelait autrefois « le Sens de l’Etat ». Je ne fais pas exprès de ne pouvoir me reconnaître dans aucun des guignols qui aspirent au pouvoir ou qui l'exercent présentement. Je reviens à mes trois moutons. Voici le troisième.

 

La troisième et dernière affaire en date que je retiens est celle de l’ « ABCD de l’égalité garçon-fille », lancée par le pauvre franc-maçon Vincent Peillon, accessoirement ministre de l’Education. C’est sûr que la droite (« forte », « dure » ou « extrême », je m’en fous) a dévié la trajectoire de son but initial, en dénonçant ici la théorie du genre. Cela veut dire qu’un certain nombre de connards calculateurs ont loupé une occasion de se montrer républicains. Vous voulez savoir ce que j’en pense ? Eh bien tant pis, je vous le dirai quand même.

 

« L’égalité garçon-fille », vous n’avez pas deviné à qui c’est destiné ? A mon avis, c’est l’évidence : aux populations d’immigrés et descendants d’immigrés qui vivent dans des « quartiers sensibles », essentiellement musulmans, où les filles, quand elles ne sont pas victimes de « tournantes » dans des caves lugubres, préfèrent s’habiller dans des survêtements amples, dans lesquels leurs formes sont suffisamment dissimulées pour qu’aucun petit caïd de onze ans n’ait le culot de les qualifier de salopes et l'envie de leur sauter dessus à plusieurs pour les violer.

 

Sans parler bien sûr de la mini-jupe. Heureuses et libres, dans ce contexte préfigurant la société terroriste que les talibans vont bientôt imposer de nouveau en Afghanistan, doivent se sentir les filles qui ont choisi, hélas, de s’habiller de noir de la tête aux pieds (sans oublier les gants, j'espère). Dans ce contexte, mais dans ce contexte seulement, l’ABCD de l’égalité garçon-fille se comprend et doit être considérée comme une excellente idée. Je vous étonne, hein !

 

Malheureusement pour le gouvernement, pour une fois bien intentionné, cela ne peut en aucun cas être dit officiellement, sous peine d’être aussitôt l’objet d’une QPC, recours auprès du Conseil Constitutionnel comme Question Prioritaire de Constitutionnalité. Les (paraît-il) « Sages » de la République auraient immanquablement censuré, au motif du sacro-saint principe d’égalité qui, considéré et régnant comme un impératif absolu, a déjà commencé à tuer notre pays.

 

Le Cons. Cons. est censé veiller au strict respect (paraît-il, ça reste à voir) de l’universalité des lois. A noter que le problème est strictement le même que lors de l'adoption de la loi sur le voile islamique, où le législateur a été obligé de se déguiser du masque de l'universalité en interdisant à tout le monde (et à toi, et à moi, et à l'autre, etc.) de dissimuler son visage sur la voie publique. On se rappelle les glapissements que cette loi avait suscités.

 

Je m’explique : de même que nul ne peut s'en prendre à des croyances, de même il est rigoureusement impossible de demander aux gouvernants en général et à Vincent Peillon en particulier de dire que ce programme éducatif n'est en réalité destiné qu'aux Arabes et aux Noirs installés en France depuis plus ou moins longtemps.

 

Vous imaginez le schproum gigantesque que ça ferait, la gauche de gouvernement accusée de discrimination raciale ? Les « associations », tout ce qui existe d'antiraciste ou d'antifasciste, toutes les bonnes âmes altruistes des droits de l'homme auraient glapi à la « stigmatisation », péché très à la mode.

 

Vincent Peillon, en instaurant  l’ABCD, selon moi, a donc été obligé de prendre une mesure revêtue du sceau de l’universalité. Et c’est là que ça cloche, parce que si l’on sait dans certains territoires de France que les filles qui se maquillent se font traiter de putes, on sait aussi que ce n’est pas le cas partout ailleurs, et que l’égalité garçons-filles est la règle dans la plupart des lieux.

 

La stupidité paradoxale de ce programme éducatif saute ainsi aux yeux : établi pour une toute petite minorité de la population, bien ciblée sur des communautés imprégnées de la culture islamique traditionnelle, où le statut de la femme est assujetti à la loi masculine, il est obligé, pour éviter les foudres de la censure constitutionnelle, pour ne pas risquer d’être accusé de « stigmatiser » qui que ce soit, de prendre le masque de l’universalité et d'être mis en application absolument partout, au risque de prêcher (et de fatiguer à force de rabâchage) la grande masse des déjà convaincus. Au cas où je verrais juste, je ne m'en dirais pas moins qu'il y a quelque chose de pourri au royaume des borgnes, où ce sont les aveugles qui font la loi.

 

Ensuite, que des escrocs jettent la panique chez des parents d’élèves en mettant sur le tapis la théorie du « genre », je considère ça comme un épiphénomène, qu’il faut être au moins journaliste pour traiter comme un événement majeur. Les journalistes – pas tous – me font penser à ces girouettes que les courants de l’air du temps font tourner sur leur axe, successivement dans toutes les directions.

 

Disons à leur décharge que c’est dû à la féroce guerre commerciale à laquelle se livrent les différents supports médiatiques dans la collecte de la manne publicitaire, guerre qui les oblige à faire le plus de mousse possible pour attirer le consommateur, en espérant affoler les compteurs chargés de mesurer leurs audiences respectives.

 

Pendant ce temps, le lecteur, l’auditeur, le téléspectateur – l’ordinaire et l’à peu près raisonnable, le citoyen normal, pour résumer – se lamente en vain et se ronge les ongles, s'il lui en reste.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

mardi, 04 février 2014

HOLLANDE PIRE QUE SARKOZY ?

Quand on met le doigt dans les eaux turbulentes de l’actualité, on risque d’y mettre tout le reste et d’être emporté par le courant : eh oui, je ne suis ni sourd ni aveugle, j’écoute et je regarde. Je lis aussi quelques journaux, accessoirement. Mais je promets de tâcher de me consacrer rapidement à des sujets plus plaisants, plus gratifiants, qui n’ont rien à voir avec le puits sans fond de ce tonneau des Danaïdes qu’on appelle « l’actualité ».

 

On a dit pis que pendre de Nicolas Sarkozy. Je n’ai pas été le dernier. A cet égard, je n’ai ni regret, ni remords, et je suis effaré de voir constamment publiées dans la presse, depuis quelques mois, des photos où apparaît la sinistre trombine de ce triste individu, accompagnées de légendes explicites mentionnant son « retour en 2017 » et ses nouvelles « ambitions pour la France ». Ah bon ? Elles sont « nouvelles », ses ambitions ? Comme dit Georges Brassens, « si l’Eternel existe », qu’il le prouve en nous préservant de cette malédiction.

 

François Hollande, lui, a été élu au mépris du fait que je n’ai pas non plus voté pour lui en 2012. J’en tire la conclusion que le suffrage universel a quelque chose de profondément injuste, moi qui ai érigé en doctrine cette profonde maxime que nous devons aux Dupondt, de célèbre mémoire : « C’est mon opinion et je la partage ». On ne remerciera jamais assez Hergé, qui nous a offert cette trouvaille.

 

On se rappelle une accusation, parmi d’autres fort nombreuses, formulée à l’encontre de Nicolas Sarkozy. On lui reprochait en effet d’être « clivant ». Autrement dit de susciter la haine entre Français, entre autres avec son fumeux débat sur la désormais problématique « identité française ». Tout le monde semble l’avoir oublié, maintenant qu’Hollande (son H est-il muet ou aspiré ?) a pris sa place.

 

J’espère qu’on n’a pas oublié sur quels arguments François a remplacé Nicolas, arguments qu’on peut résumer dans la formule « rupture avec la rupture ». La « rupture », c’était le slogan de Sarko en 2007, et ça a marché du tonnerre, les gens y ont cru, pour mieux se retrouver « Gros Jean comme devant » un peu plus tard. « Rupture avec la rupture », si je comprends bien le français, devait renouer avec le « statu quo ante ».

 

Mais là, apparemment, ce n’est pas de compréhension du français qu’il s’agit. Il faut sans doute admettre que le contraire du contraire n’a rien à voir avec le retour à l’état initial. Parce qu’il y a eu de l’innovation entre-temps. « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve », comme dit l’autre (ici, « l’autre » s’appelle Héraclite, il faut toujours se méfier de ce que dit « l’autre »). Mais peut-être que Hollande (ou « qu’Hollande » ?) est un lointain descendant d’Héraclite (ou « de Héraclite » ?).

 

Je reviens au « test comparatif » entre ces deux barils de lessive (ne  prétendent-ils pas tous deux laver la vérité plus blanc que blanc ?) que sont François Hollande et Nicolas Sarkozy. On reprochait donc au second d’être beaucoup trop « clivant », d’opposer les Français entre eux et d’exciter la haine. A me souvenir du quinquennat du tout petit homme (je suis gentil, aujourd’hui), je suis amené à penser que c’est tout à fait vrai.

 

Maintenant, que voit-on depuis bientôt deux ans que François Hollande a accédé à la plus haute marche du podium présidentiel ? Franchement, ce n’est pas mieux. On pourrait même dire que c’est nettement pire. Ce type qui nous sert de président, avec sa tête de premier de la classe, bien lisse et arrondi aux angles, a réussi à prendre en vingt mois une belle brochette de mesures dont on fait semblant aujourd’hui de s’apercevoir qu’elles dressent les Français les uns contre les autres, bien plus efficacement que ne l’avait rêvé pour son compte le tout petit homme. J’en retiendrai trois.

 

Je ne reviendrai pas sur le mariage homosexuel (je me refuse à dire « pour tous », puisqu’il était déjà pour tous auparavant), qui continue à me heurter de front, tant il contredit des convictions profondément enracinées, dénuées de toute référence à une quelconque religion ou à je ne sais quelle morale. Je crois qu’on s’est ici servi de l’égalité comme d’un rideau de fumée, pour mieux distendre des liens anthropologiques que l’humanité entretient avec ce que je persiste à appeler la « Nature ». Ajoutons que la loi a été décidée dans l’arrogance de la force que donne une majorité parlementaire. L'adoption du mariage homosexuel me fait valdinguer hors du consensus national. J'en prends acte douloureusement. Mais passons.

 

Il y a ensuite l’ « affaire Dieudonné », dont j’ai déjà parlé ici. J’avoue personnellement que j’ai, depuis toujours, considéré le personnage comme un plaisantin tombé dans ce qu’on appelle aujourd’hui le comique, mais un comique qui ne m’a jamais fait rire. Je n’ai pas suivi sa trajectoire, sinon dans les grandes lignes, que les médias retracent à la hache aujourd’hui, pour simplifier l’explication du « phénomène Dieudonné » grâce au terme « antisémite ».

 

Le résultat est facile à deviner : de même que, pour la presse idéologique tout entière, il y a eu une énorme « libération de la parole homophobe » à l’occasion du mariage homosexuel, il y a eu, à l’occasion de « l’affaire Dieudonné », « libération de la parole antisémite ». Comme de bien entendu, ai-je envie d’ajouter. Tout le monde oublie que, sans l’appel de Valls à l’interdiction des spectacles du personnage, l’affaire aurait gardé sa dimension artisanale d’origine, juste faite pour faire couler le pognon dans la galaxie où évolue la planète erratique du soi-disant comique. Dieudonné peut remercier Manuel Valls.

 

Sur ces deux premiers sujets, donc, qu'est-ce qu'on constate ? Que ce soit à propos du mariage homosexuel ou à propos de l'antisémitisme (supposé ?) de Dieudonné, le gouvernement de monsieur François Hollande, celui qui se revendiquait le « Président Normal », en rupture avec la rupture provoquée par le tout petit homme, a systématiquement jeté du pétrole pour éteindre l'incendie allumé par son prédécesseur (on se rappelle que c'est lui qui a commencé, en instaurant les débats sur l'identité française).

 

Pour mieux dissimuler sa volonté de ne rien changer aux structures et au fonctionnement économiques et politiques du monde, ou pour ne pas avouer sa complète impuissance à le faire, François Hollande a choisi et décidé de reporter son action sur le terrain sociétal, et de brandir le drapeau du sens de la vie en commun pour rassembler sous son panache blanc sa clientèle électorale.

 

Accessoirement, il n'a pas hésité à ébranler des piliers anthropologiques de l'humanité, sous le prétexte fallacieux de la modernisation du corps social. Ce faisant, il a moins accompli la « rupture avec la rupture », qu'il n'a introduit une fracture dans la colonne vertébrale du squelette même du dit corps social.

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LE MONDE DATÉ DIMANCHE 2 - LUNDI 3 FEVRIER 2014

Ah c'est sûr, maintenant, elles peuvent hurler au « réveil de la France réactionnaire », toutes les chorales anti-homophobes et anti-racistes, tous les incendiaires, la militante intégriste de la confusion des valeurs Caroline Fourest en tête ! Ah c'est sûr, François Hollande, avec son air de ne pas y toucher, est remarquable dans le rôle du provocateur à la haine et du pyromane en chef.

 

Eh bien, que le cul leur pèle ! Comme dit je ne sais plus quelle sorcière chez Alfred Jarry : « La paille en cul et le feu dedans ! ».

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

lundi, 30 décembre 2013

IRRECUPERABLE REISER

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Tiens, toujours à propos de Reiser, je suis tombé sur cette histoire à hurler de rire (ou de rage, au choix). Elle date de 1977. Je ne savais pas (ou j’avais oublié) que Mikis Théodorakis avait mis de la musique sur des paroles de monsieur Herbert Pagani. Tout ça a fait un schmilblick improbable, un machin surréaliste : l'hymne du Parti Socialiste. Farpaitement !! Même qu'on peut cliquer pour en avoir la preuve. A se taper le derrière par terre.

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Remarquez que le Grec de Zorba, ici du moins, ne s’est pas foulé le poignet pour écrire : le début du refrain reprend texto celui de La Varsovienne (« Prendre la parole et décider nous-mêmes » pour répondre à « Mais le genre humain courbé sous la honte … Ô frères aux armes … ») qui, elle au moins, bien que d’inspiration communiste, avait une tout autre gueule.

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L’hymne du Parti « Saucialiste » (je dirais bien « soupialiste », tant on les voit tous se précipiter à la soupe) date de 1977. Comme on peut l’entendre en allant voir le clip sur l’internet (« Changeons la vie ici et maintenant », pour ceux qui ont connu ça et qui ont, hélas et pire, cru en ça), il faut un effort gargantuesque d’imagination pour établir quelque rapport que ce soit entre les insipides paroles de Pagani et la pratique du pouvoir par les « saucialistes » actuels.

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Et encore, ces paroles n’ont pas grand-chose à voir avec La Jeune garde, entonnée par le personnage de Reiser. Mais Reiser était un anar de la plus belle eau : j’aime bien le titre qu’il donne à sa planche : « Racaille cultivée », qui exprime bien l’immense veulerie intéressée et l’hypocrite lâcheté de toute cette faune « saucialiste ».

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Remarquez que de l’autre côté de l’échiquier politique, l’UMP, Copé, Fillon, Sarkozy ont une façon tout aussi particulière de fabriquer et d’entretenir la machine à faire vomir. Je ne parle pas des marginaux de droite et de gauche, ni de ceux qui sont en voie d’extinction (Mélenchon, …), ni de ceux qui ambitionnent de monter sur la plus haute marche du podium national (madame Le Pen et ceux qui grenouillent autour). Ils y feraient quoi, sinon la même chose en pire ? On est dans de sales draps.

 

D’ailleurs, c’est comme ça que je comprends la fin de l’histoire de Reiser. Manger un cheese burger en écoutant un « bon vieux rock des familles », sauf erreur, ça veut dire qu’il n’y en a pas un pour racheter l’autre. Et qu'à tout prendre, il vaut infiniment mieux se rabattre sur la petite planète sur laquelle ce qu'on fait a quelque chance d'être efficace. 

 

Et je suis bien d'accord. De toute façon, y a-t-il un seul « Juste » à Sodome ?

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

PS : Aux dernières nouvelles, au sujet de Dieudonné et de sa "quenelle", selon un de ces pondeurs d'éditoriaux qui prennent soin de ramer dans le sens du courant principal (« mainstream »), l'antisémitisme n'est pas une opinion, parce que c'est un délit. Magnifique exemple de déni de réalité.

 

C'est bien connu, dans notre belle république, il ne saurait y avoir de délit d'opinion, parce qu'il suffit de voter une loi pour faire disparaître l'opinion et pour fabriquer un délit. Chacun sait que l'opinion cesse d'exister au même moment, juste parce que la loi l'a ordonné. Comme il connaît le cœur des hommes, celui qui rédige une telle loi !!! Les gens, impressionnés et obéissants, vont sûrement cesser de penser ce qu'ils pensent.

 

Corollaire : bonne nouvelle, il n'y a plus d'antisémites en France, puisqu'il n'y a plus que des délinquants. Imparable, le raisonnement. 

 

Le prestidigitateur fait disparaître le lapin du problème dans le chapeau de ses craintes. Des formules verbales pour faire disparaître la réalité, cela s'appelle un fantasme de toute-puissance. Un avatar de la pensée magique, quoi. L'incantation triomphe.

 

Le sorcier législatif, armé de son gourdin judiciaire, ordonne au monde de se plier à sa volonté. Avec le succès que l'on pressent déjà aux prochaines échéances électorales. Nos responsables politiques et tous les roquets et toute la meute des « bonnes âmes » sont bien à plaindre. Peut-être que, se disant qu'ils ne servent à rien, ils voudraient voir le monde leur obéir séance tenante et se pétrifier sous leurs yeux ?